Initialement publié sur Bruxelles Dévie, le 05/05/2025 et le 06/05/2025.
Attaques racistes de supporters brugeois à Molenbeek, Bruxelles se défend
Ce dimanche 4 mai avait lieu la finale de la coupe de Belgique qui opposait le Royal Sporting Club d’Anderlecht au club de Bruges. Plus de 45 000 supporters ont fait le déplacement pour le Stade Roi Baudoin, à Bruxelles. Dès le début de l’après-midi, alors que le match n’avait pas encore commencé, plus d’une centaine de hooligans* néo-fascistes du club de Bruges ont commis des attaques racistes sur des riverain·es du quartier de Ribaucourt à Molenbeek.
Des images particulièrement violentes diffusées sur les réseaux sociaux montrent ces supporters rouer de coups un commerçant ainsi que des habitant·es du quartier. Des témoignages font récit d’insultes racistes et islamophobes, ou encore de crachats sur des femmes portant le hijab. Ces agressions ciblaient manifestement un type de population, que ce soit au vu des personnes visées ou des insultes racistes et antisémites proférées, rappelant tristement les ratonnades* du siècle dernier. Durant toute la journée, ces violences racistes se sont déroulées sans intervention des forces de l’ordre. Pour rappel, ces mêmes supporters sont connus pour avoir fait des saluts n4zis dans des stades à plusieurs reprises cette année. Il en ont d’ailleurs fait une série hier au moment des agressions.
Après le match de foot, des centaines de personnes des quartiers voisins ont réagi et des affrontements ont eu lieu à la fois avec des supporters de Bruges et des forces de l’ordre. À la sortie du Stade Roi Baudoin, des dizaines de jeunes se sont battus contre ces groupes de supporters néo-fascistes. Les forces de l’ordre ont alors déployé un vaste dispositif policier. De nombreuses images de violences policières sont aussi apparues sur les réseaux sociaux. Un·e de nos journalistes présent·e sur place a constaté qu’une camionnette de la police avait tamponné volontairement un motard, aux abords du stade Roi Baudoin. Les secours ont dû intervenir pour le soigner. D’autres confrontations ont eu lieu à la fois dans le centre ville de Bruxelles et dans le quartier de la Gare du Midi ainsi qu’à Anderlecht. Jusqu’à leur entrée dans le train, les supporters Brugeois, qui avaient agressé quelques heures auparavant de nombreuses personnes, ont cette fois été largement protégés par les forces de l’ordre.
Vers 23h des dizaines de jeunes se sont rassemblés près de la gare et de nouveaux affrontements ont eu lieu. Des barricades ont été enflammées dans les rues adjacentes de l’avenue Fonsny. Lors d’une discussion avec un groupe sur place, ces derniers ont expliqué : « On n’a pas de problèmes avec les supporters. D’habitude ils viennent et tout se passe bien. C’est parce qu’ils nous ont attaqué aujourd’hui, des papas, des mamans, qu’on est là maintenant pour se défendre. » En plus de subir ces attaques racistes, les riverain·es des quartiers concernés ont subi le frais du « deux poids deux mesures policier » en faisant face à un déchainement de violences policières. De plus, à la suite de cette soirée d’affrontements, le traitement médiatique des événements occulte les violences racistes à l’initiative des hooligans de Bruges. Les médias mainstream ont, comme à leur habitude, préféré souligner la violence de « groupes de jeunes » plutôt que de pointer du doigt les ratonnades perpétrées en toute impunité par des supporters fascistes. Ces récits racistes renforcent les préjugés d’une partie de l’opinion publique en manipulant la réalité des faits.
Selon nos informations, de nombreux jeunes auraient été gravement blessés au moment des interventions policières. A 20h, plus de 80 personnes avaient déjà été prises en charge par les secours dont 9 personnes qui ont été emmenées à l’hôpital. En tout, 61 arrestations administratives et 2 arrestations judiciaires ont eu lieu.
Légende :
*Hooligans : supporters faisant usage de différentes formes de violence qui sont le reflet de logiques d’oppositions sportives, sociales, politiques, culturelles ou territoriales
**Ratonnade : Violences collectives, souvent meurtrières, perpétrées contre des personnes nord-africaines, en particulier des Algériens. Terme issu du mot « raton », insulte raciste comparant les Maghrébins à des rats – symbole de saleté et de menace.
Révoltes à Bruxelles à la suite d’agressions racistes des supporters de Bruges
Lundi 5 mai, le lendemain du match Anderlecht – Bruges marqué par des agressions racistes, une manifestation spontanée est partie du rassemblement propalestinien à la Bourse. Plusieurs centaines de personnes ont afflué au rassemblement quotidien pour la Palestine à Bourse pour dénoncer les attaques racistes commises la veille par des hooligans brugeois à l’encontre de Bruxellois·es non-blanc·hes, ainsi que les menaces de nouvelles agressions planant sur le rassemblement. Après une heure de rassemblement où la libération de la Palestine et l’antifascisme ont été liés et revendiqués au travers de slogans, une manifestation sauvage est partie en direction de Lemonnier.
Rapidement, la colère face aux événements de la veille et à l’inaction des autorités politiques et policières face aux agressions racistes du 4 mai s’est exprimée le long de la manifestation. Des affrontements entre policiers et manifestant.es ont eu lieu, des barricades ont été dressées et enflammées, des panneaux publicitaires et des caméras ont été endommagées.
Le cortège spontané a emprunté le boulevard du Midi avant de retourner vers le centre-ville, suivi de près par un important dispositif policier. Une véritable chasse à l’homme s’est alors engagée dans les rues adjacentes au centre de Bruxelles. Plusieurs arrestations violentes ont eu lieu et plusieurs mineur.es auraient été arrêté.es. « Une douzaine d’arrestations administratives ont été effectuées. Un procès-verbal sera rédigé à charge de chaque personne interpellée », selon la police. Belga rapporte aussi qu’une vingtaine de mineurs ont été interpellés aux alentours de la rue Neuve plus tôt dans la journée.
La colère ne semble tout de même pas retomber. Les habitant·es visé·es par les violences racistes du 4 mai dénoncent l’impunité dont ont bénéficié les fascistes du club de Bruges, en contraste flagrant avec la brutalité déployée contre les jeunes le soir même et le lendemain.