Tradition enflammée sur l’île de la Réunion
Feux de voitures, barricades de palettes enflammées, poubelles incendiées, jets de projectiles… La nuit d’Halloween a été, comme attendu, assez agitée sur le front des dégradations et autres violences urbaines. Dans un bilan diffusé ce vendredi 1er novembre, la préfecture fait état de 38 interpellations, pour près de 80 faits constatés : feux de poubelles, de végétation, de détritus, et de véhicules, ainsi que plusieurs jets de projectiles vers les forces de secours et de sécurité. Au Port, à Saint-Denis, à Saint-Pierre et Saint-André, les policiers ont été pris à partie et des véhicules de service endommagés. Malgré les mesures de prévention prises par la préfecture, certains ont bravé ces interdictions et il y a eu pas mal d’attroupements. Il y a eu des barricades en feu, des jets de projectiles sur les collègues de la BAC notamment à Saint-André.
Outre les mesures restrictives prises pour interdire l’acquisition de carburant au détail et d’artifices, le transport d’armes ou la consommation d’alcool sur la voie publique, près de 600 gendarmes et policiers, renforcés de drones de surveillance, ont été mobilisés au cours de la nuit. L’an dernier, les services de l’Etat avaient comptabilisé une cinquantaine de feux de poubelles, de déchets et véhicules, vingt jets de projectiles, la dégradation d’une caméra de surveillance et de huit véhicules des forces de l’ordre. 19 personnes avaient été interpellées.
Nuit agitée autour de Lyon
Une nuit de violences et d’affrontements dans deux communes de la métropole de Lyon, dans la nuit d’Halloween, entre jeudi 31 octobre et vendredi 1er novembre. Des violences urbaines ont éclaté à Givors et Rilleux-la-Pape, selon des images publiées sur les réseaux sociaux.
Sur une vidéo publiée sur Snapchat et Twitter, on peut voir des personnes au visage dissimulé par une capuche qui circulaient à pied dans une rue de Rilleux à proximité d’au moins trois voitures et des poubelles en feu. Les faits se sont produits dans les quartiers de La Roue et de la Velette. La préfecture du Rhône annonce l’interpellation de trois personnes lors de ces incidents. Selon un communiqué de la municipalité, il est évoqué quatre interpellations de mineurs âgés de 13 à 17 ans « qui n’avaient comme seule motivation de s’amuser ». Certains sont même repartis pour une deuxième tournée le lendemain, dans la nuit du 1er novembre, incendiant deux bus TCL et de nombreuses voitures, affrontant police et CRS au mortier et projectiles. Un policier a par ailleurs été blessé à la tête par un projectile et envoyé à l’hôpital dans un état d’urgence relative. Heureusement, personne n’a été interpellé en cette seconde soirée.
À Givors, les premières violences ont démarré vers 20h30 jeudi soir avec des tirs de feux d’artifices dans la rue dans le quartier des Vernes. Des poubelles et au moins une voiture ont également incendiées. La police est intervenue et a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Des affrontements ont éclaté entre forces de l’ordre et jeunes, selon des images publiées sur les réseaux sociaux. La préfecture confirme deux interpellations sur la commune de Givors, soit cinq au total dans la métropole lyonnaise.
Un fourgon blindé de la société Temis [entreprise de transports d’objets de luxe] a été attaqué par des malfaiteurs armés ce jeudi matin à Saint-Priest, dans la métropole de Lyon (Rhône). Cinq ou six agresseurs ont pris la fuite les mains vides, selon plusieurs sources proches de l’affaire. L’attaque a eu lieu peu après 7 heures sur l’avenue Urbain-le-Verrier, située dans une zone industrielle. Le fourgon blindé venait de quitter l’entreprise lorsqu’il a été bloqué par deux fourgonnettes d’où sont sorties cinq ou six agresseurs munis de masques à gaz et d’armes à feu. Ils ont braqué les convoyeurs avec des armes longues, dont une Kalachnikov selon l’une des sources. Plusieurs coups de feu auraient été tirés, ajoute une seconde source. Les malfaiteurs ont sorti « l’une des employées de l’escorte, qui a servi d’otage. Elle a été menacée avec une arme braquée sur la tête ». Les convoyeurs ont obtempéré mais « ils ne pouvaient pas ouvrir le coffre », en raison « des mesures de sécurité ». Les agresseurs ont finalement décidé de prendre la fuite à bord d’un ou deux autres véhicules, après avoir incendié les deux fourgonnettes qu’ils ont utilisées pour cette attaque. Le feu s’est propagé au fourgon blindé Temis ainsi qu’au véhicule d’une société de sécurité.
Des bonbons ou des mortiers ?
La soirée d’Halloween a été agitée à Montélimar (Drôme). À partir de 19 heures, jeudi 31 octobre, le quartier de Nocaze a été le théâtre de violences urbaines. Des poubelles ont été incendiées. Intervenant sur le secteur, les policiers ont été visés par des tirs de mortiers d’artifice et par différents projectiles jetés par plusieurs dizaines d’individus. Il n’y a pas eu d’interpellation. Le calme est revenu vers 23 heures.
Vers 22 h, dans la nuit de jeudi 31 octobre à vendredi 1er novembre, les pompiers et la police sont intervenus dans le quartier de Ménimur, à Vannes (Morbihan). Plusieurs bouteilles incendiaires ont été lancées dans le quartier. « J’ai entendu trois explosions », témoigne un habitant. Ce vendredi matin, devant les quelques traces de ces incidents, les habitants déploraient la reprise d’une certaine agitation ces derniers jours dans le quartier.
La nuit du 31 octobre au 1er novembre a été émaillée d’incidents qui ont mobilisé les forces de l’ordre et les sapeurs-pompiers en plusieurs points du département du Loire. Des groupes de jeunes mineurs ont incendié des poubelles, divers objets et deux véhicules. Des actes qui ont conduit à l’interpellation de trois individus. Ces faits se sont produits à Saint-Étienne, Lorette, Saint-Chamond, La Grand-Croix, Andrézieux-Bouthéon, Firminy, La Ricamarie et le Chambon-Feugerolles. Du mobilier urbain a été dégradé dans ces villes et des tirs de mortier ont eu lieu. À Rive-de-Gier, les dégradations se sont limitées, selon le maire, Vincent Bony, à « un feu de poubelle vite éteint et des tirs de mortiers d’artifice par une dizaine d’ados ».
Les pompiers sont intervenus, ce jeudi 31 octobre 2024, vers 21 h 30, dans le quartier de Bellevue, à Brest (Finistère) : une voiture brûlait avenue de Provence. Alors qu’ils éteignaient les flammes, les pompiers ont été pris à parti par quelques jeunes. Et les habitants du quartier ont entendu, et vu, des tirs de mortier. Plusieurs séries de tirs qui se sont succédé jusqu’à 23 h environ : « Les tirs de mortiers, on a l’habitude, » commente un retraité.
Dans le Haut-Rhin, les violences urbaines de la nuit d’Halloween sont restées limitées, en comparaison de 2022 qui avait connu un pic en matière de voitures et de mobilier urbains dégradés. Cette année, on déplore deux véhicules incendiés (un à Colmar et un à Wittenheim), un deux-roues détruit par les flammes rue de la Tuilerie à Bourtzwiller, une petite quinzaine de poubelles et de bennes incendiées, des jets de mortiers en direction des forces de l’ordre (quatre à Mulhouse et une à Colmar). Un policier a été blessé et un jeune interpellé à Mulhouse.
Les feux malicieux atteignent la Suisse…
La police du bout du lac, dans le canton de Genève, a recensé plusieurs incidents lors des célébrations d’Halloween. Un policier a été légèrement blessé. Les autres cantons romands n’ont pas signalé de débordements.
Au bout du lac, la soirée d’Halloween a été agitée. Des feux d’artifice ont été lancés dès 19h jeudi, et jusqu’à 1h du matin, vendredi. « Nous avons eu affaire à de nombreux regroupements de jeunes masqués qui tiraient des mortiers. Ceux-ci se dispersaient rapidement à l’arrivée des forces de l’ordre », a relaté Alexandre Brahier, porte-parole de la police genevoise. Plusieurs contrôles ont été menés. « Pris en flagrant délit d’un tir, un mineur a été arrêté, vers 20h30 derrière le centre commercial de Thônex (GE). Un policier a été légèrement blessé lors de cette interpellation. » Ces débordements n’ont cependant pas atteint le niveau de ceux survenus en 2018, portés par des appels à la violence sur les réseaux sociaux, ou encore ceux enregistrés en 2021.
Ailleurs en Suisse romande, la fête d’Halloween a visiblement été moins mouvementée. Dans le canton de Vaud, la police a signalé des tirs de pétards et de feux d’artifice sur la place de la gare de Morges, jeudi soir. Mais hormis ces perturbations, « les événement constatés durant la nuit du 31 octobre au 1er novembre ne sortent pas d’une nuit ordinaire et ne peuvent pas être rapportés spécifiquement à Halloween ». Côté fribourgeois, là aussi, pas d’incident particuliers. Il y a eu « quelques incivilités », comme des jets d’œufs sur des voitures, « mais rien de grave ».
Passage par la nuit des feux de joie en Ecosse…
Les attaques violentes contre la police sont devenues presque un événement « anniversaire » à Édimbourg autour de la nuit des feux de joie (Bonfire Night), a déclaré un officier supérieur, car le trouble était décrit comme « méprisable ». Les troubles surviennent presque un an après que des troubles similaires liés aux feux d’artifice dans la ville ont conduit à 26 personnes inculpées pour un total de 51 infractions autour de Bonfire Night.
Des groupes de jeunes ont visé des véhicules de police avec des feux d’artifice et autres projectiles, entre autres comportements antisociaux de ce jeudi soir. Des rues ont dû être fermées et des poubelles de la ville ont été incendiées, des feux d’artifice et des cocktails molotovs ont été lancés sur des policiers dans les quartiers de Niddrie, Sighthill et Southhouse. Deux policiers ont été blessés, dont une lorsque la fenêtre du véhicule dans lequel elle se treouvait a été brisée par une brique, et 16 autobus ont été endommagés. Un garçon de 14 ans a été arrêté et inculpé pour des infractions présumées liées aux feux d’artifice. Les personnes accusées avaient entre 12 et 34 ans, la majorité étant dans leur milieu à leur fin d’adolescence.
« Je pense que [Niddrie] est devenu un point focal, en vérité. On dirait que c’est pour cela que c’est presque devenu un genre d’anniversaire, où il s’agit d’attaquer la police à Niddrie. C’est ce que ces personnes cherchent à faire. C’est comme ça qu’ils s’amusent, c’est en attaquant la police. »
Dans d’autres régions d’Écosse, jeudi soir, des jeunes auraient également été à l’origine de plusieurs incidents dans la région de Kirkton, à Dundee, où des feux d’artifice ont été allumés et d’autres projectiles lancés.
Jusqu’aux feux solidaires pour la Palestine à Berlin
Des manifestant.e.s pro-palestinien.ne.s ont manifesté à Berlin sous le slogan « Pas de Halloween cette année. L’horreur est réelle.« . Les manifestant.e.s ont monté de nombreuses barricades, allumé des feux (notamment de poubelles) sur la route, et tiré bon nombre de feux d’artifice à travers la ville. La manifestation sauvage a été réprimée et poursuivie par les flics, qui en retour se sont fait tirer des feux d’artifice avant que les manifestant.e.s se dispersent rapidement à leur arrivée. Des tags contre le génocide en Palestine ont aussi été laissés sur le trajet, tandis des trotinettes électriques et des barrières de chantier ont aussi été incendiées. D’après des sources policières, plusieurs manifestations pro-palestiniennes auraient eu lieu dans la journée puis la soirée.
D’autres débordements s’y sont aussi mêlés pour cette soirée d’Halloween berlinoise, menant à 130 interpellation, 23 procédures pénales engagées, au moins 8 incidents signalés avec des pyrotechniques, et 2 policiers blessés. Au programme : des barricades incendiées, des attaques contre des policiers et des pompiers, des voitures visées par des pétards et des mortiers, des poubelles incendiées, et des tirs de feux d’artifice dans toute la ville. Des groupes de personnes majoritairement mineures ont aussi attaqué la police et les pompiers avec des feux d’artifice. Des incidents ont été signalées dans les quartiers de Wedding, de Schöneberg, de Kreuzberg, dans le nord de Neukölln, au Graefekiez, à Gropiusstadt, sur la place Chamissoplatz, dans le quartier de Märkischem et dans un quartier de Lichterfelde.