Brochure composée de deux textes qui ont été écrits et publiés depuis les occupations étudiantes en solidarité avec la Palestine, « reflections on risk » et « we don’t need « safety », we need to escalate! » (disponible en anglais sur It’s Going Down).
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RÉFLEXIONS SUR LES RISQUES – propositions depuis les occupations étudiantes américaines
aussi disponible sous format affiche
LES RISQUES NE PEUVENT ÊTRE ÉVITÉS C’est vrai sous un raisonnement pratique : nous n’avons aucun contrôle sur ce que la police choisit de faire, et nous avons vu encore et encore que la réponse policière n’est pas corrélée à l’échelle, l’intensité, ou la légalité de l’action. Il n’y a donc aucun calcul magique qui puisse éliminer les risques. C’est aussi vrai sous un raisonnement logique, considérant que…
IL NE PEUT Y AVOIR D’ACTION CONSÉQUENTE QUI N’ACCEPTE PAS DE RISQUES C’est évident si on y réfléchit même un bref moment. S’il existait une action qui pouvait amener de réels changements sans réels risques, il n’y aurait aucune raison de ne pas la réaliser – et les gens l’auraient fait, et auraient apporté les changements en question. Les changements sans aucun risque ont déjà été instaurés. Une politique abolitionniste collective implique une compréhension que si nous voulons un changement conséquent pour toustes, nous devons accepter des risques.
IL Y A TOUJOURS UNE VULNÉRABILITÉ DIFFÉRENTIELLE AUX RISQUES Cette distribution inégale est souvent organisée d’après la race, le genre, l’expérience, une criminalisation antérieure, et d’autres facteurs. Cela a été le cas lors de tous les mouvements sociaux, des plus aux moins importants, des Droits Civiques et du mouvement ouvrier à Standing Rock et la Rébellion George Floyd. Ce fait n’a en aucun cas été une raison pour démobiliser, ni pour poursuivre exclusivement des actions imaginées comme complètement sûres ou également accessibles à toustes, ni pour choisir de ne pas agir du tout selon une prétendue solidarité avec les plus vulnérables. C’est plutôt une raison pour prendre des décisions réfléchies sur comment distribuer ce risque différentiel. Les personnes qui ne peuvent pas risquer d’être arrêtées ou ne peuvent pas participer à certaines actions peuvent contribuer aux efforts collectifs que nécessitent les mouvements. Toute lutte libératrice l’a pris en compte.
IL Y A DIFFÉRENTES APPROCHES A LA DISTRIBUTION DES RISQUES Nous avons pu voir des idées comme envoyer les blanc.he.s devant, envoyer les profs devant, envoyer les hommes devant – souvent basées sur la théorie que la police serait probablement moins répressive ou violente dans de telles confrontations, ou que ces personnes seraient mieux préparées à subir la répression étatique. Il y a eu des critiques correspondantes à chacune de ces approches les décrivant comme paternalistes, hiérarchiques, volontaristes, etc. Nous n’offrons aucune recommandation spécifique à votre groupe, mais faisons remarquer que c’est un sujet essentiel sur lequel il faut avoir des discussions ouvertes. S’il n’y a personne dans votre groupe qui est volontaire pour prendre ne serait-ce qu’une part des risques, ça va aussi ! Cela signifie cependant que vous avez décidé que d’autres personnes les prendront, ou que des actions conséquentes n’auront pas lieu.
RESPECTEZ LA TOLÉRANCE AU RISQUE DES AUTRES Les luttes politiques et les mouvements sociaux émergent souvent de communautés ayant une expérience prolongée des risques et de la répression. Cela peut mener à une aversion à la prise de risques ; comme cela peut tout aussi régulièrement mener à une disposition à l’action directe. Les mouvements anti-police fournissent peut-être l’exemple le plus évident de cela. Celleux qui sont les plus à risque sont souvent celleux qui sont les plus engagé·e·s dans la lutte révolutionnaire. Une solidarité avec de tels mouvements ne provient pas dans le fait d’assumer la position de managers des risques, mais de lutter à leurs côtés au meilleur de leurs capacités.
SI VOUS NE POUVEZ PAS PRENDRE DES RISQUES, VOUS POUVEZ SOUTENIR CELLE NÉCESSAIRE DES AUTRES Tout mouvement social sincère a fait une place centrale aux personnes qui sont les moins positionnées à prendre es risques ; il y a un travail tout aussi important à faire. Celui qui soutient les personnes qui sont les plus probables de subir les conséquences d’une prise de risque est crucial. Il inclut le travail de care, le travail reproductif, l’antirep, et bien plus.
RIEN N’EST A PLUS HAUT RISQUE QUE DE RETARDER LES CHOSE
Les risques seront simplement déplacés sur quelqu’un d’autre.
Nous n’avons pas besoin de “Sécurité” – Nous avons besoin d’Escalade !
« Une réflexion critique sur le “cadre de sécurité”, émergeant du mouvement actuel pro-palestinien qui s’intensifie dans les campus universitaires aux États-Unis.
Il devient fréquent pour les participant.es aux Campements de Libération de la Palestine, qui se sont propagés partout aux États-Unis, que des manifestant.es demandent aux participant.es d’être “en sécurité”, et particulièrement que les étudiant.es noir.es et racisé.es soient protégé.es. Bien que nous reconnaissons que les étudiant.es noir.es et racisé.es soient plus à risque d’être sujets de violence aux mains de la police en général, le cadre de “sécurité” exercice une force conservatrice sur ce mouvement – et, en conséquence, a servi à empêcher l’escalade.
Pour être très clair : le génocide qui a lieu en Palestine occupée doit être stoppé par tous les moyens possibles. En même temps, les mouvements feront toujours face à des limites externes et internes, les limites externes étant faciles à observer – par exemple la violence directe de la police. Les limites internes sont un peu plus difficiles à voir – ce sont des idées et tactiques qui nous empêchent d’accomplir nos objectifs.
Nous voulons expliquer ici comment le langage de la “sécurité” est en fait une idéologie libérale (que nous appelons “sécuritarisme”) qui a un effet conservateur sur notre mouvement et nous empêche de le mener à la victoire.
Expliquons pourquoi il est préoccupant en des termes les plus simples possibles :
1. Il n’existe pas de manifestation en toute sécurité
Manifester contre l’injustice vise à mettre des personnes en positions de risque. Nous assumons cependant cette position pour renverser un système de violence structurel. En encourant des risques courageux ensemble, nous pensons que nous avons le pouvoir de détruire les causes de cette violence structurelle. Nous remplaçons par la possibilité que la violence exprimée contre nous, manifestant.es courageuxses et volontaires, celle qui s’exprime sur celleux qui n’y consentent pas et, ici, la violence GÉNOCIDAIRE utilisée par le système au pouvoir.
2. La Résistance Palestinienne appelle aux étudiant.es américain.es (et aux américain.es en général) à INTENSIFIER leurs actions contre le génocide en cours.
L’Histoire nous apprend que lorsqu’un génocide débute, le seul moyen d’arrêter le processus de meurtre systématique est de LE FORCER A S’ARRÊTER. Ainsi, la résistance palestinienne – les personnes qui luttent et meurent sur le front – appellent les étudiant.es américain.es à l’escalade et l’intensification. Il est de notre devoir d’écouter leur appel !
3. Quand la situation tourne à l’escalade, les personnes qui ont peur masquent celle-ci en utilisant un langage politique – nous devons les considérer avec compassion, mais refuser de reculer.
C’est avec grande compassion que nous reconnaissons que l’escalade peut être un futur terrifiant, particulièrement pour celleux qui pensent avoir le plus à perdre. En même temps, nous devons rejeter l’utilisation d’un langage politisé pour mener la dé-escalade de manifestations. Personne ne force qui que ce soit à faire quelque chose dont iel n’a pas envie, et nous devons maintenir une cohésion face à celleux qui tentent de propager la peur. Quand les gens ont peur et utilisent un langage politisé pour faire reculer les autres, il vaut mieux réagir avec compassion, reconnaître leurs peurs comme légitimes, et continuer dans les taches à mener. Encore une fois, nous luttons contre un génocide, et toute initiative vers l’intensification doit être continuée à tout prix.
4. Nous nous protégeons par l’escalade
Quand la police se mobilise pour nous attaquer ou nous expulser, il peut être tentant de nous disperser en réponse. Et, en même temps, nos mouvements sont protégés à travers leur escalade. Si, après une attaque sur un campement et des arrestations, les étudiant.es rentrent volontairement chez elleux, alors l’administration verra que sa stratégie répression fonctionne et intensifiera sa violence. Si, cependant, le mouvement continue de s’adapter et de trouver de nouvelles façons de s’intensifier, alors ces mêmes participant.es seront protégé.es par la force croissante du mouvement – à partir de laquelle viendra le soutien public, le soutien matériel, le soutien spirituel et la conscience que nos risques auront valu le coup car le mouvement est en train de ggner.
5. Les manifestant.es noir.es et racisé.es qui visent l’escalade se placent dans l’héritage d’une fière histoire de résistance militante
Rappelez-vous, les manifestant.es noir.es et racisé.es portent le flambeau d’une fière tradition de résistance directe au colonialisme, au racisme et au capitalisme. Fred Hampton et Assata Shakur se sont battues directement contre la police américaine. Martin Luther King Jr., contrairement à l’image blanchie de lui, conduit de nombreux noir.es américain.es à des marches non-violentes spécifiquement conçues pour provoquer la police à la violence et montrer ainsi à l’Amérique blanche la réalité du système racial à travers des images de la violence montrées au 20h. Être noir.e ne signifie pas que vous avez besoin que les blan.hes vous protègent avec leur privilège de la peau – la libération des noir.es sera gagnée par les noir.es tout comme la libération palestinienne sera gagnée par les palestinien.nes directement.
6. Une proximité à la souffrance ne produit pas automatiquement les meilleures idées politiques
En même temps, c’est un reflet des contours déshumanisants de l’idéologie raciale qui assimile les noir.es et racisé.es aux idées politiques les plus audacieuses et avancées. Bien sûr, la proximité des pires aspects de ce système raciste peut avoir un effet radicalisant sur de nombreuxses noir.es et personnes racisées. Bien que nous devrions toustes apprendre et comprendre ces expériences, nous ne devrions pas faire l’erreur que cela signifie nécessairement que les étudiant.es noirs et bruns ont toujours les meilleures idées politiques. Le faire est une expression de l’idéologie raciale parce qu’il force un fardeau sur les noir.es et les racisé.es, il est déshumanisant en ce que la pensée individuelle et le travail politique sont écartés pour l’identité, et, enfin, elle sert à empêcher les idées les plus efficaces de guider notre mouvement au lieu d’une idéologie tokenisante qui rejette le contenu des idées noires pour toute idée tant qu’elle émerge d’une personne noire.
7. Seulement les personnes les plus courageuses tout devant !
Nous avons vu à maintes reprises que, dans les moments de confrontation imminente, un appel est lancé pour « les blanc.hes devant » afin de protéger les noir.es et les racisé.es contre la violence policière. Malheureusement, cela contribue souvent à la violence contre les étudiant.es noir.es et racisé.es, mais en utilisant un langage moralisateur et en jouant sur la culpabilité blanche pour contraindre les participant.es blanc.hes souvent réticent.es au front. Ces mêmes personnes, qui ne voulaient pas être devant, cèdent rapidement aux premiers signes de violence. Au lieu de cela, lorsque les choses tournent mal, nous devons avoir les personnes les plus courageuses et les plus disposées au front. Une coalition des plus courageuxses et des plus volontaires aura beaucoup plus de chances de repousser les attaques de la police et de faire avancer le mouvement vers la victoire.
Conclusion
En identifiant le “sécuritarisme” comme une idéologie conservatrice, nous cherchons à dépasser ses limites et poser des idées alternatives à sa place. Suivant l’appel à l’escalade, nous pouvons appeler l’idée alternative et révolutionnaire“escaladisme”. Pour atteindre la victoire, nous devons intensifier la lutte et combattre toutes les forces – internes et externes – qui nous entravent.
ENSEMBLE DANS L’ESCALADE POUR LA PALESTINE
CONTRE LA POLICE DANS LE MODE ENTIER
POUR LA LIBÉRATION DES OPPRIMÉS
ET LA FIN DE L’IMPÉRIALISME UNE FOIS POUR TOUTES