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Aboubacar Cissé, 22 ans, musulman d’origine malienne a été victime d’un assassinat d’une brutalité démesurée par Olivier Hadzovic, 20 ans, est venu lui asséner 57 coups de couteau en le filmant et en tenant des propos islamophobes, à l’intérieur de la mosquée de Khadidja à La Grand-Combe (petite ville de moins de 5000 habitants dans le Gard).
Comme d’habitude au coeur de l’empire coloniale français, quand un blanc d’extrême-droite commet un attentat, c’est un désequilibré et un acte isolé… et la demande de la famille de qualification du meurtre en assassinat terroriste reste encore lettre morte. Nous avons passé en revue quelques articles sortis pour raconter les faits, et sans surprise, se dévoile une mascarade grotesque de présomptions pour éviter à tout prix de révéler l’aspect indéniablement politique et raciste de ce meurtre. Ne surtout pas laisser envisager que l’islamophobie, en totale exaltation dans ce pays depuis des années puisse tuer.
Pourtant, Olivier Hadzovic, visiblement rempli de fierté par son geste, a filmé l’horreur qu’il a commise, tout en disant « ton Allah de merde ! ». Ignorant qu’il doit être que Allah est le nom de Dieu en arabe, et que de fait, c’est le Dieu des trois religions monothéistes qu’il a insulté. Puisque pour les trois, c’est le même. ‘Pas le crayon le mieux taillé de la trousse, Olivier.
Yassine Bouzrou, avocat de la famille d’Aboubacar, a déclaré que la magistrate « n’a pas la main sur le dossier est soumise à la hiérarchie », entendons le ministère de la Justice, à la tête duquel siège Darmanin… ce grand allié de la cause antiraciste. On a donc une rétention d’information délibérée de la part du Ministère.
La magistrate en question aura pourtant déclaré, donc sans connaitre le dossier, que l’assassin aurait eu une envie obsessionnelle de tuer une personne… Insinuant que ce serait tombé parfaitement par hasard sur un musulman, qui n’était même pas encore sorti de la Mosquée au moment de son meurtre. Peut être aurait-elle même pu ajouter que dans un petit village de moins de 5000 habitants, il n’avait croisé absolument personne depuis des jours, avant de tomber sur Aboubacar dans une Mosquée, où il était certainement entré totalement par hasard ? Non, c’est son avocat Adrien Gabeaud qui a affirmé sans honte aucune qu’il avait simplement tué la première personne qu’il avait trouvé.
Voyons les divagations de cet avocat qui, visiblement très fatigué, a juré que son client est dans l’incapacité de s’exprimer « dans le langage le plus anodin » (sûrement depuis qu’il a du lui intimer de bien fermer sa gueule et de le laisser parler), et qu’il était selon sa conviction personnelle dans un état d’instabilité psychique… Mon client ne sait plus parler, mais ça reviendra vous inquiétez pas, comprend-t-on. L’avocat a admis dans sa déclaration qu’il n’était pas du tout qualifié pour juger de la santé de son client, étant donné qu’il est avocat et non psychiatre (un métier qui n’a rien à voir, l’un traite la maladie mentale, l’autre l’utilise)… confirmant qu’il place bien la charue avant les boeufs, il annonce qu’une expertise sera engagée pour déterminer la santé mentale de son client. Ce serait peut-être la première fois, que Olivier Hadzovic verrait des psychiatres, puisqu’il n’a pas d’antécédant psychiatrique connu ! Le tout n’est pas très cohérent, mais il assume tout Adrien, il est comme ça. Pour finir son numéro, Maître Adrien Gabeaud étend sa robe d’avocat et ABRACADABRA ! Le caractère terroriste a disparu ! L’assistant de l’illusionniste étant le parquet antiterroriste. Bienvenu.e.s dans la cinquième dimension.
Retailleau. Bruno, il est pas pressé. Sans doute que se rendre dans une Mosquée pour un noir mort en situation irrégulière est une combinaison peu motivante. Il lui a fallu 48h pour emmener son sale cul de facho de merde jusque dans le Gard. Mais dans le voyage il a égaré son racisme nulle part. Il n’a pas oublié de dire à la TV, alors qu’il se défendait de ne rien avoir contre les musulman.e.s, que Aboubacar Cissé était en situation irrégulière, et que si il a eu du mal à contacter sa famille, c’est qu’avec les noirs, un oncle par-ci, un frère par-là, en Afrique en plus, on sait pas trop qui est qui. Yassine Bouzrou, lui en contact avec la famille, leur a conseillé de ne pas rencontrer Retailleau, parce que c’est un batârd de raciste qui leur a manqué de respect. Normal.
Aboubacar aura malheureusement vécu dans la violence systémique française, mort par elle, méprisé par elle même après sa mort. Arrivé en France comme mineur non accompagné, il aura vécu en situation de précarité, tout ça pour subir physiquement un déchainement de haine gratuit, en raison de sa religion et de sa couleur.
Difficile de croire, en restant réaliste, que les instutions françaises et sa « Justice » accorderont le minimum de dignité qu’Aboubacar mérite. Tout être humain qu’il était, il est réduit dans la bouche du bureaucrate Retailleau à son statut administratif : situation irrégulière. Traduisez : il n’avait rien à faire là. On croirait à peine à la violence du propos. Que comprendre ? Pour quelle raison résumer une vie humaine à celà ? Un indésirable en moins, c’est ça ?
Ministère de la Justice, magistrature et nombre de médias de masse relaient tous en choeur la même chanson : ce n’est pas un attentat, ce n’est pas de l’islamophobie. Quelle démonstration criante et alarmante de l’enracinement du racisme dans ce pays, dans une course effrénée vers la solidification des dominations, le renforcement de la violence systémique, et la normalisation du fascisme. Aboubacar meurt sous les coups d’un raciste, des groupes fascistes attaquent et poignardent en criant « Paris est nazi ! », ils défilent protégés par la police, l’Etat nie le terrorisme d’extrême-droite et livre une guerre idéologique et stratégique à tout ce qui s’oppose de près ou de loin aux fascistes. Petite exception, Bayrou, empêtré dans les révélations de l’affaire Betharam, tente de se racheter une dignité en déclarant qu’il a « le courage » de dire que le meurtre d’Aboubacar est islamophobe. Une médaille pour François, vite !
Ce fait nous rappelle que la condamnation de Marine Le Pen n’est qu’une piètre victoire. Le déclin des incarnations de l’extrême-droite ne met aucunement en danger son idéologie, car sa violence est systémique, elle est désincarnée. Le fascime se manifeste et vit dans les institutions de l’Etat et dans le Capitalisme, pour lesquels les inégalités et la coercition sont vitales. Sa violence, qui n’est pas diffuse pour tout le monde, est, jusqu’à ce qu’on connaisse le sort d’Aboubacar et tant d’autres, comme une chaîne que l’on sert petit à petit autour de notre cou, dont on nous a habitué à négocier la tension. Ne perdons pas de vue que notre objectif n’est pas de desserrer la chaîne mais bien de la briser.
Une fois de plus, l’islamophobie, qui n’est qu’un avatar du racisme, a tué. Une fois de plus l’ordre colonial qui l’a encouragé, protège sa violence en niant sa nature, toute évidente soit-elle. Opposons-lui la solidarité et l’autodéfense populaire !
Il n’y aura ni oubli, ni pardon.
Nous adressons notre soutien et nos condoléances à la famille d’Aboubacar Cissé.