Initialement publié sur Attaque le 30/05/2025, qui l’a traduit de Dark Nights le 28/05/2025.
Le 3 mai 2025, à 5 heures du matin, Snizana Paraskevaidou a perdu la vie à cause de la détonation prématurée d’un engin explosif qu’elle était en train de placer devant une agence de la Banque nationale de Grèce, à Thessalonique. La mort tragique de cette compagnonne a mené à une frénésie médiatique généralisée sur le terrorisme et, jusqu’à maintenant, à deux arrestations et à la perquisition de la cellule du compagnon anarchiste emprisonné Fotis Tziotzis. Nous reconnaissons et nous rappelons Snizana comme combattante et une héroïne morte au combat, dont le nom et la vie ne seront pas oubliés.
Dans les bas-fonds de Thessalonique, la vie est une lutte brutale. Cela a été le cas pour Snizana, d’origine géorgienne et issue des quartiers populaires de la ville, d’où émane la guerre quotidienne à laquelle nous faisons tou.tes face, là-bas, pour sortir de la pauvreté des rues. Elle a eu le courage de faire en sorte que la peur change de camp, contre l’État, contre les flics et les riches.
Nos souvenirs d’elle sont ceux d’une compagnonne forte, que nous avons rencontrée quand elle soutenait les compas dans les tribunaux et les prisons ou dans des moments sur les barricades, quand elle nous a tou.tes encouragé.es. Elle était là, pendant les émeutes à Exárcheia, jusqu’à ce que nous tombions de fatigue, dans d’innombrables batailles au cours d’une décennie. Un moment dont nous nous souviendrons toujours est celui où elle était à nos côtés, armée jusqu’aux dents, sur le toit de l’université de Thessalonique, pour un autre 6 décembre.
Nous n’avons pas été surpris.es quand elle a été emprisonnée pour la possession d’un Kalachnikov. Elle savait comment faire l’essentiel, comment prendre la brutalité de la vie et la transformer en arme. Elle avait la capacité de voir avec des yeux ouverts et elle avait toujours du temps pour les autres, elle se souciait toujours de ses compas. Snizana était toujours à l’affût du prochain moment d’attaque, qui était dirigée par sa rage contre le système existant. Une rage insurmontable, qui ne fait jamais de compromis, qui ne dénonce jamais, qui affronte l’autorité face à face, avec un poignard entre les dents. Même si elle est tombée au combat, elle vivra en nous.
Nous ne l’avions pas vue depuis quelques années. Nous nous sommes séparé.es sur ces rues où nous nous sommes rencontré.es, mais nous ne laisserons jamais qu’elle soit oubliée, parce que l’insurrection continue. Elle nous a inspiré sa même rage, pour la continuer.
Pour l’attaque immédiate contre le capitalisme, l’État et toutes les formes de domination.
Des Individualistes et des Nihilistes