Reçu par mail et composé de deux textes initialement publiés sur Hammer or Anvil? le 03/06/2025 et sur instagram le 08/06/2025.
La mort plutôt que la détransition
Jaia Cruz est une femme trans de couleur, la vingtaine, qui vit à New York. Le 2 janvier 2025, Jaia a été attaquée par un transphobe dans un deli à Harlem. Il l’a appelée « tranny » et « faggot », l’a attrapée par les cheveux et l’a frappée au visage de nombreuses fois. Jaia Cruz s’est défendue avec un couteau de poche qu’elle possédait en self-défense. Jaia a survécu, son agresseur non. Elle risque désormais 15 ans en prison.
L’affaire de Jaia fait écho à de nombreuses autres précédentes. Cece McDonald, Aileen Wuornos, Joan Little, Inez Garcia, la liste pourrait continuer à l’infini. Les femmes, les femmes trans de couleur plus particulièrement, n’ont pas le droit de se défendre. Trois des femmes mentionnées, Cece McDonald, Joan Little et Inez Garcia, ont éventuellement été libérée après de puissants mouvements féministes. Aileen Wuornos est morte en prison, toujours designée comme une « serial killer » à ce jour. Aucun mouvement à grande échelle pour la libération de Jaia Cruz n’est apparue à ce jour.
Il le faut, si nous voulons prendre en compte la leçon apprise par son affaire : la violence transmisogyne ne peut être arrêtée que par la violence révolutionnaire transféministe. L’homme qui a attaqué Jaia Cruz n’attaquera jamais une autre femme trans car il est bien mort. Il est mort et Jaia Cruz est en vie. Réfléchissez à ça un instant. Vraiment, considérez la simplicité de cette phrase.
Sauf que, maintenant, Jaia est en prison. Pour que sa self-défense vale le coup, il faut que nous la soutenions en prison, que nous nous assurions qu’elle ne soit jamais oubliée et que nous nous battions pour sa libération. La mouvement de soutien aux prisonnier-es doit être puissant si notre mouvement implique que l’on risque de longues peines de prisons. Nos aîné-es révolutionnaires nous le disent depuis des décennies. Il est temps de le prendre au sérieux.
Pour Jaia, et toutes les meuf trans armées d’un couteau.
Putain, meuf, je suis tellement désolée.
Comment vas-tu ? Je désire plus que tout que tu reviennes chez toi. Rikers Island n’est pas un lieu où tu devrais être, ni qui que ce soit d’autre.
Je sais que tu ne me connais pas, mais je suis si soulagée que tu sois en vie. Merci d’avoir pris ta propre vie entre tes mains. Merci de nous avoir rappelé que la mort n’est pas la seule option. Nous aussi, nous pouvons nous battre.
Ils ne disent que de la merde à ton propos, nous pouvons clairement voir à travers. J’espère que tu sais ça. J’espère que tu sais que tu as un village qui t’attend, à l’extérieur…
J’espère que tu sais que l’on t’aime et qu’on se battra pour toi comme si nos vies en dépendaient. J’espère que tu sais que nos vies en dépendent.
Je rejoins les appels à te libérer, mais ce ne sera pas assez. Ce ne sera jamais assez, rien – même pas envoyer ceci – ne sera assez. Cette lettre ne te libérera pas. L’amour de l’extérieur ne va pas diminuer ta peine ou les peines de centaines d’autres meufs dans des cellules telles que la tienne. Mais je t’écrirai dans tous les cas.
Je t’écrirai pour que, dans le futur, tu (nous) puisses te rappeler à quel point tu es aimée. A quel point ta vie est importante pour nous, à quel point nous nous sommes battues jusqu’à ce que tu sois libre.
Lui envoyer de l’argent sur JPAY avec l’ID : 3492500039
Lui écrire :
Jaia Cruz, 3492500039 Rikers Island - Rose M. Singer Center 19 - 19 Hazen Street East Elmhurst, NY 11370 USA