Initialement publié sur rebellyon, le 28/04/2025 (et complété avec d’autres articles de presse).
Ce lundi 28 avril, le PNAT annonçait avoir arrêté 25 personnes suspectées d’être impliquées dans les attaques qui ont visées des prisons et des maton-nes en représaille du passage de la loi narcotrafic (qui prévoit de durcir l’appareil répressif et particulièrement en prison) et pour exiger l’amélioration des conditions de vie des prisonnier-es.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) qui dirige l’enquête a annoncé 22 premières interpellations en début de journée, suivi de 3 autres plus tard dans la matinée. Ces arrestations, assorties de perquisitions, ont été réalisées en coordination avec la sous-direction antiterroriste, la BRI, le Raid sur l’ensemble du territoire (en Seine-et-Marne, Hauts-de-Seine, dans la Drôme, le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Var, le Rhône ou encore la Gironde). Plusieurs personnes ont été extraites de prison pour être placées en GAV, car soupçonnées par les keufs d’être «les commanditaires» de ces attaques.
Une autre personne a été interpellée le mardi suivant, un prisonnier qui avait déjà été interpellé le 12 avril pour sa présence dans la chaine Telegram DDPF (il était alors en semi-liberté, et a depuis été incarcéré à Fleury-Merogis). Quatre autres personnes ont été arrêtées mercredi, dont 3 mineur-es. Au total, 5 interpellations concerneraient des personnes incarcérées dans des prisons. Deux personnes qui ont été interpellées vers Bordeaux pour « avoir provoqué de l’émoi devant la prison de Gradignan » (conduire vite et mettre de la musique forte) sont ressortis libres mardi, l’un sous reconnaissance préalable de culpabilité et l’autre en attente d’une comparution devant le tribunal pour enfants. Les deux devraient s’en sortir avec des infractions « mineures », le lien avec le mouvement national DDPF ayant été retiré du dossier, ainsi que les charges l’accompagnant telles que l’association de malfaiteurs.
En tout, le PNAT c’est saisi de 15 faits qui ont eu lieu entre le 13 et le 21 avril à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) d’Agen, au Centre pénitentiaire de Réau, dans les Maison d’arrêt de Nîmes, Valence, Nanterre, Villepinte, Aix-Luynes, Lyon-Corbas, dans des parkings face à des bâtiments à Marseille louant des appartements à des personnels pénitentiaires, au Centre pénitentiaire de La Farlède près de Toulon, en Seine-et-Marne concernant la porte d’accès à une résidence où vit un surveillant, au Centre de détention de Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône où un véhicule d’un maton a été incendié devant son domicile, en Isère où deux cocktails Molotov ont été lancés en direction de deux maisons où résident plusieurs matons et au Centre pénitentiaire de Villefranche sur Saône.
Pour tout ces faits, le PNAT a ouvert des enquêtes pour «association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes», «tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise sur personne dépositaire de l’autorité publique», «association de malfaiteurs en vue d’actes de terrorisme», «dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes en relation avec une entreprise terroriste» et «menaces de mort à l’encontre d’une personne exerçant une fonction publique.»
Des moyens exceptionnels ont été débloqués, près de 200 enquêteurs sont mobilisés, plus de 10 millions d’identifiants téléphoniques ont été criblés, la police scientifique a également analysé plus de 260 scellés.
Le narratif juridique et médiatique dépeignant la série d’actions revendiquées sous le sigle DDPF comme une forme de narcoterrorisme continue à se déployer, niant la portée politique d’un tel mouvement contre l’institution pénitentiaire et ses politiques ultra-sécuritaires et répressives, et justifiant l’utilisation d’un arsenal répressif particulièrement lourd (l’antiterrorisme, utilisé dès son origine pour réprimer les mouvements portant une opposition politique radicale à l’état). Des moyens antiterroristes qui d’ailleurs sont largement récupérés pour lutter contre la grande-criminalité et notamment le trafic de drogue. L’utilisation de l’antiterrorisme vise aussi à empêcher toute solidarité avec les actes qui ont été posés ainsi qu’avec leurs auteur-ices et à étouffer le mouvement de contestation naissant en l’isolant.
Solidarité avec les inculpé-es!
Crève la taule!
Mise à Jour du 8 mai (par la presse) :
Vingt et un suspect-es âgé-es de 15 à 37 ans ont été mis en examen vendredi 2 mai dans l’enquête sur les attaques contre des taules et des matons, les adultes incarcérés et les deux mineurs placés en centre éducatif fermé. Ces suspect-es, parmi lesquels figurent deux femmes, sont soupçonné-es d’avoir été les « instigateurs, les relais, les recruteurs et les exécutants » ayant pris pour cibles les agents pénitentiaires avec « une violence extrême, décomplexée, préméditée, les atteignant, tant dans leur exercice professionnel, qu’au cœur de leur vie privée », a ajouté la procureure. La magistrate a décrit des profils « très différents », âgés de 15 à 37 ans, certains « totalement inconnus » et sans aucun casier judiciaire, d’autres relevant de la « criminalité organisée du haut du spectre ». « Trois des personnes à qui il est reproché d’avoir recruté des exécutants étaient également déjà en détention provisoire pour des faits délictueux de diverses natures ». La plupart des exécutant-es sont « des personnes jeunes habitant à proximité des lieux de passage à l’acte », pour des actions criminelles payées « entre 500 et 7 000 euros ».
Le tribunal de Nantes a jugé, ce vendredi, un Nantais de 19 ans pour des dégradations aux abords de la prison de Nantes, près de deux semaines plus tôt. Deux inscriptions DDPF avaient été retrouvées et un début de feu, près du portail d’entrée, allumé. Placé en garde à vue ce mardi 28 avril, le jeune homme, tout juste 19 ans, habitant du quartier Malakoff, a été condamné à deux ans de prison avec sursis, sans mention jusqu’alors à son casier judiciaire.
Il a été surpris par les flammes, s’est retrouvé au milieu et a dû se débarrasser de son pantalon avant de prendre la fuite. C’est à cause de ce pantalon et d’une cigarette électronique, retrouvés sur place, que son ADN a pu être récupéré et que la brigade criminelle est remontée jusqu’à lui. Des analyses demandées par le parquet en urgence, selon la présidente, facturées 3.840 euros à la Justice, souligne-t-elle. En fin de garde à vue, le jeune homme finit par reconnaître son implication. S’il a fait ça, c’est car sa famille a besoin d’argent. Sa mère est souffrante. Lui ne travaille pas. On lui a promis 400 euros en échange d’un service. Qui est le commanditaire ? Il n’a pas de nom à donner. Ce sont des personnes avec qui il était en contact pour « charbonner », vendre de la drogue. Pas de lien avec l’organisation criminelle marseillaise de la DZ Mafia, soupçonnée d’être impliquée dans la série d’attaques contre des prisons, des véhicules ou des domiciles d’agents. Quant à son complice, celui qui a fait les tags, il reste introuvable.