Initialement publié sur Getting The Voice Out le 27/09/2024.
Retour sur la tentative de suicide (127bis)
[TW automutilations]
En date du 11 août dernier, plusieurs détenus du centre fermé 127bis alertaient d’une tentative de suicide*. L’homme concerné se serait coupé les veines dans les toilettes.
“Il y avait du sang partout dans le couloir, c’était affreux.”
Tous les détenus se disaient extrêmement traumatisés par cette tentative de suicide, et certains ont du mal à s’en remettre.
Nous n’avons pas pu entrer en contact avec cet homme, qui était semble-t-il enfermé depuis 2 jours. Nous avons en revanche appris via une association que l’homme aurait ensuite été transféré au centre fermé de Merksplas après un passage à l’hôpital, mais qu’il aurait depuis été “déposé” à la frontière des Pays-Bas, dans des conditions que nous ignorons.
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Climat électrique (127bis)
Cette tentative de suicide au 127bis est intervenue dans un contexte, toujours actuel, de tension accrue et de violence omniprésente.
Les conditions matérielles de détention sont de plus en plus délétères. Depuis plusieurs mois déjà, plusieurs ailes du centre sont infestées de punaises de lit*. Des membres du personnel se sont mis en grève à cause de la présence de punaises de lit dans leurs locaux. Ce sont évidemment les détenus qui vont subir les conséquences de cette grève : les douches sont limitées, ils n’ont plus droit à des visites. Ce sont pourtant bien eux également qui souffrent en premier lieu de l’infestation de punaises de lit et sa mauvaise gestion par la hiérarchie du centre.
Le mois dernier, plusieurs personnes dénonçaient également les conditions d’hygiène : odeurs nauséabondes, saleté… Les détenus nous partagent :
“Nos conditions de vie sont insupportables”
“En plus d’être privés de liberté, on veut pas sortir malades d’ici”,
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Violence et climat de terreur (Bruges)
Des récits d’agression de la part de gardiens nous parviennent fréquemment, faisant état d’un climat de terreur : le moindre événement devient un prétexte pour des passages à tabac et ceux-ci sont devenus quasi quotidiens.
Les détenu·es se sentent dépourvus de tout droit.
Au centre fermé de Bruges, un détenu a été frappé par un maton sans raison. Les détenus nous disent :
“En général, plusieurs gardiens sont violents et frappent. Plusieurs gardiens profitent de leur pouvoir. On risque notre vie ici. On n’est pas en sécurité.”
Les détenu·es ont demandé à parler à la direction mais celle-ci était absente. Un chef de la sécurité leur a dit de faire un rapport. À ce jour, nous ignorons les éventuelles suites.
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Suite des protestations face à l’invasion de punaises de lit (127bis)
Il y a deux semaines au 127bis, des détenus ont participé à des mouvements de protestation face à l’invasion de punaises de lit. Ils finiront par passer la nuit dehors, dénonçant les conditions sanitaires critiques*. L’un d’eux, considéré comme un “meneur” des mouvements de résistance, a été tabassé et emmené à l’hôpital. Il aurait ensuite été mis en isolation lors de son retour au centre.
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Des détentions à rallonge
Plusieurs personnes font face à des détentions d’une durée importante (jusqu’à 18 mois). Les détentions dites administratives se caractérisent par leur durée inconnue, prolongées de mois en mois notamment parce que l’Office des étrangers fait appel aux décisions de libérations octroyées par le Tribunal. Les personnes enfermées sont alors suspendues aux décisions de l’Office des étrangers, soit de libération (le plus souvent sous Ordre de quitter le territoire), soit de tentative d’expulsion forcée.
En lien avec les durées inconnues et arbitraires des détentions, des détenus nous font continuellement part de leur détresse. Un homme nous confie, après avoir appris la prolongation de sa détention:
“C’est insupportable. Je ne peux pas accepter ça. Tout ça fait mal. Ça va bien chauffer ici. L’Office dépasse les limites. C’est du racisme. Ils vont dire que je suis fou, c’est ce qu’ils disent de tous ceux qui rouspètent.”
Un codétenu dans une situation similaire nous dit également:
“C’est un manque de respect total car nous sommes des ‘illégaux‘.Il faut que ça change. J’accepte pas ce système. Les chambres de 2 sont fermées, nous dormons tous dans les chambres de 4. Ils font exprès de nous faire souffrir. Après on s’énerve et puis cachot. C’est leur stratégie.”
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Abus lors d’une tentative d’expulsion
Fin-août, une dame a subi une tentative d’expulsion. Bien qu’elle ait subi de la torture et d’autres formes de violence dans son pays d’origine, la Belgique a refusé de lui reconnaître son droit fondamental à l’asile. Un recours a été introduit contre la décision négative.
Nous avons appris que, lors de la tentative d’expulsion, cette dame a été déshabillée complétement, avant qu’un supérieur hiérarchique ne mette fin à la tentative d’expulsion. Elle a ensuite été renvoyée en centre fermé.
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Toujours pas d’informations sur le décès à Bruges
Il y a dix jours, les détenu·es nous alertaient sur un décès au centre fermé de Bruges. L’homme, de nationalité géorgienne, était arrivé au centre une semaine avant sa mort. Il souffrait de diabète et ne recevait pas les traitements adéquats. Officiellement, il serait mort d’une crise cardiaque.
L’ambassade de Georgie nous informe que toute la famille de l’homme décédé se trouve en Géorgie. Nous ne savons toujours pas si la famille a été contactée et mise au courant du décès. Nos pensées vont vers elle.
On apprend qu’une enquête du parquet est en cours et qu’un juge d’instruction a été désigné