Initialement publié sur trognon.info le 03/11/2024.
Ce samedi 2 novembre, l’occupation de l’ancien bâtiment de La Chiffo à Caen a été rendue publique. Des habitant-es expulsé-es du 15 rond-point de l’Orne, leurs soutiens et l’AG de lutte contre toutes les expulsions occupent ce nouveau squat depuis jeudi.
Message de l’AG de lutte contre toutes les expulsions (samedi 2 novembre) :
« La Préfecture s’obstine à laisser les gens à la rue alors on occupe les bâtiments vides !!! Les personnes expulsées du squat du 15 rond-point de l’orne et des personnes solidaires officialisent aujourd’hui un nouveau squat situé 3-7 route de Trouville à Caen. Venez nous soutenir dès maintenant et partagez largement svp »
Sur place, une cinquantaine de personnes a élu domicile. Dans l’après-midi, la police passe constater l’occupation, puis repart.
ULTRA VIOLENCE DES ULTRA-RICHES :QUAND LA JUSTICE MET DES FEMMES ET DES PERSONNES QUEERS À LA RUE EN FAVORISANT DES MULTI-PROPRIÉTAIRES
IL Y A URGENCE : EXPULSÉ.E.S SOUS 15 JOURS Suite au procès du 18 juin 2024 (voir notre compte-rendu ici), la juge en charge du dossier s’est rangée du côté des propriétaires ultra-riches (la famille Helfrich) pour expulser le squat La Pigeonne, lieu de vie et d’activités féministe, queer et antiraciste de Strasbourg.
L’institution représentant la justice étatique condamne sévèrement les habitant-e-s de La Pigeonne qui occupent les lieux depuis 4 ans, en très grande précarité, majoritairement des femmes exilé-e-s, souffrant de problèmes de santé et de handicaps. Le délai de l’expulsion? 15 jours. Et s’ajoutent à cela 27 000 euros d’amendes pour des personnes dont la majorité a 0 revenu car l’État refuse de leur donner des papiers!!! La décision du tribunal est crade, brutale et cynique. Digne d’une justice qui continue de tuer les plus pauvres. Car la sentence de la rue est une sentence de mort.
LA JUSTICE EN FAVEUR DES ULTRAS RICHES
Alors qu’on nous bassine toute l’année avec « les valeurs de la république », le tribunal s’est rangé du côté des propriétaires, une famille alsacienne possédant de nombreuses demeures et domaines : les Helfrich. Ces derniers avaient abandonné la maison qui abrite La Pigeonne il y a une dizaine d’années pour la laisser pourrir et tomber en ruines. Les Helfrich n’ont jamais daigné répondre à nos courriers et se sont manifestés au bout de 2 ans d’occupation en coupant l’eau, illégalement.
Pourtant, il n’y a aucune urgence pour Joseph Helfrich, classé dans les 500 plus grandes fortunes de France (selon le magazine Challenges) et en 12ème position du classement alsacien. Son frère, François Helfrich possède la société Helfrich, implantée partout en France, qui commercialise des cadeaux pour les comités d’entreprises (12 agences, plus de 200 employé-e-s). Pourquoi précipiter l’expulsion en faveur d’une famille dont la fortune est estimée à 240 millions d’euros? Pour punir les squatteureuses? Mater les pauvres? Ces décisions servent à empêcher l’organisation de la solidarité envers les plus précaires. Nous devrions crever en silence et adopter des moyens de luttes « propres », politiquement corrects et non menaçants.Il ne s’agit pas ici de « rendre justice » mais de réprimer. Les juges aussi sont des militants politiques qui favorisent les individus de leur propre classe. Joseph Helfrich est actionnaire majoritaire du groupe grands chais de france (qui possède entre autres le domaine Arthur Metz, premier producteur de crémant d’Alsace, mais aussi JP Chenet, Calvet, Grand Sud). Ce n’est pas un petit business, mais une industrie qui s’étend jusqu’en Afrique.
Aujourd’hui, cette famille obtient l’expulsion d’un squat de personnes en grande précarité, dont une majorité de femmes exilées et précaires, tout en refusant toute négociation. Pour rappel, le collectif de La Pigeonne a entretenu des lieux laissés à l’abandon depuis plus de 8 ans : iells ont réparé et entretenu la maison, organisé des chantiers solidaires, déployé de longs effort pour prendre soin d’un espace inutilisé, afin de créer un endroit viable et chaleureux pour toustes ses habitant·e·s, mais aussi les voisin-e-s et autres Strasbourgeois-e-s, avec une bibliothèque (la Marsha P. Johnson), des cantines solidaires, des ateliers, des discussions, des projections, etc. Surtout, avant tout, iels se sont organisé-e-s pour survivre, sans violence et en sécurité, quand les femmes et les personnes queers à la rue sont une cible privilégiée des agressions sexistes et sexuelles.
LA NÉCESSITÉ DE S’ORGANISER FACE À L’INJUSTICE
S’organiser en utilisant des outils efficaces face à une société de plus en plus à droite qui est déconnectée de sa propre humanité, apathique et radicalisée. Dans un contexte où l’État soutient inconditionnellement les ultra-riches et s’allie à l’extrême-droite, la justice broie les racisé.e.s, les pauvres, les malades, les.handie.s, les femmes et les queers en leur retirant le droit fondamental d’avoir un toit. Et cette injustice concerne tout le monde.Nous rappelons que la situation des squats est interdépendante de celle des autres habitats précaires : elle concerne le domaine plus vaste du droit au logement, le marché de l’habitat inaccessible et touche à la dignité humaine mise à mal par les institutions et les entrepreneurs privés.
Nous dénonçons la brutalité organisée et la violence de la justice qui bénéficie aux riches comme la famille Helfrich. Ils ne sauront jamais ce qu’est l’angoisse d’être à la rue, comment cela affecte le corps, le mental et les relations. Contre eux, et contre une justice de classe et un état démissionnaire nous avons quand même des moyens d’action : la solidarité et le boycott commercial.
=> Nous appelons à l’action solidaire de tou-te-s pour responsabiliser ces ultra-riches. Nous appelons au boycott immédiat des produits suivants: les vins et crémants Arthur Metz, JP Chenet, Maison Klipfel, domaine André Lorentz, Maison Calvet, vins Grand Sud.Si vous avez Instagram : taguez et bloquez ces entreprises pour les interpeler et visibiliser cette lutte (un tuto sera visible sur notre compte). Le boycott a fait ses preuves, il est souvent responsable de baisses du chiffre d’affaires !
=> Il est évident que si les habitant.e.s n’ont pas trouvé de logement depuis 4 ans, elles n’en trouveront pas dans un délai de 15 jours, et vont donc se retrouver à la rue et en danger, en situation d’exploitation sexiste et raciste, tandis que les Helfrich continueront à jouir de leurs domaines et laisseront le bâtiment en l’état, encore abandonné.
Nous avons aussi besoin d’une aide matérielle et financière, en nous contactant ou via notre cagnottepour affronter l’expulsion (trouver des solutions pour les affaires des personnes, trouver du logement, se nourrir et couvrir les besoins quotidiens) : https://www.helloasso.com/associations/lescousinesdelest
=> Nous appelons à la responsabilité de la mairesse de Strasbourg afin qu’elle organise le relogement URGENT et DURABLE de toutes les habitant-e-s du squat.
=> Nous exigeons l’effacement des amendes monstrueuses et absurdes que la famille Helfrich exige de la part de personnes sans domicile.
Nous avons urgemment besoin de la solidarité de tou-te-s face à la violence de cette expulsion.
Nous ne sommes pas les seul.e.s à souffrir de cette violence organisée. Alors même que les riches sont solidaires entre eux, notre meilleure riposte est l’organisation de la solidarité populaire. Une société sans classe est possible! Aucune victoire n’est possible sans lutter!
Nous appelons les collectifs de squat, de personnes précaires et les médias alternatifs à relayer ce communiqué et engager des actions de soutien et de riposte.
Nous restons disponibles pour plus d’informations sur notre mail lapigeonne@riseup.net