Texte initialement publié dans le cadre de deux événements : la Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et toustes les prisonnier*es anarchistes en longue peine et une soirée anticarcérale de solidarité avec les insurgé*es en Kanaky.
Publié le 16/06/2024.
Comment demeurer fort mais souple et flexible? Les ponts, les connexions, doivent aussi être construits à travers le temps, spécialement dans un monde qui bouge trop vite, d’une crise à une autre. Le 11 juin aspire à devenir à être de ces ponts : pour construire la solidarité par-delà les frontières, entre les mouvements et les générations. Se souvenir et supporter les prisonnier·es en longue peine, comme supporter les combats partagés, sont deux manières de renforcer ce tissu connectif. Un tissus connectif plus fort, qui en retour, nous soutiendra contre la répression à venir.
Le 11 juin 2024 : Pas de séparation des mondes
Face à ce constat, nous sommes encore et toujours plus à nous retrouver confronté*es à des amendes, garde-à-vue, contrôles judiciaires, détentions provisoires ou peines fermes, tabassages ou mutilations policières, OQTF (obligations de quitter le territoire français) et expulsions. L’État construit toujours plus de prisons, de centres de rétention et de commissariats pour enfermer et réprimer, tandis que la surveillance généralisée continue de progresser, précipitée par les jeux olympiques. Nous réitérons l’importance d’une position anarchiste en conflit ouvert avec chacun de ces dispositifs carcéraux, pour mettre le feu à toutes les prisons sous toutes leurs formes : les taules, les CRA, les centres éducatifs fermés et établissements pénitentiaires pour mineurs, les hôpitaux psychiatriques, les zoos, élevages et abattoirs, les écoles et universités, les frontières et tous les États !
Nous considérons primordial, au sein de ce conflit, de continuer à nous organiser et à conspirer avec tous*tes les compagnon*nes emprisonné*es par l’État, de ne pas laisser l’enfermement les séparer de nos mouvements et communautés. C’est dans cette optique que nous appuyons un dialogue et une communication constantes entre les révolté*es de l’extérieur et les révolté*es de l’intérieur, les un*es s’inspirant des autres de par leurs luttes et résistances, effaçant toutes les frontières que l’État souhaite nous imposer.
La lutte contre la société carcérale et ses frontières internes implique aussi une lutte contre toutes les frontières, et notamment celles arbitrairement imposées par la force des États-Nations. Nous nous inspirons et solidarisons de la lutte pour l’indépendance de Kanaky et d’autres sociétés colonisées par la France, de la résistance palestinienne contre le colonialisme d’Israël, de la lutte armée Mapuche contre le colonialisme du Chili, de l’action directe décentralisée contre la Cop City aux États-Unis, de la résistance aux génocidaires au Soudan, des saboteur*es contre la guerre et l’impérialisme en Russie et en Ukraine, de la révolte des femmes et des colonisé*es en Iran, de la lutte Wet’suwet’en contre le colonialisme et l’extractivisme du Canada, et de toutes les luttes contre ce monde. Notre internationalisme se traduit par l’attaque, ici et maintenant, pour la destruction immédiate de l’État français et de toutes ses institutions, complices des dominations interconnectées que nous vivons ici comme dans le reste du monde.
Notre anarchisme se vit dans la solidarité et dans l’attaque, dans les liens que nous tissons ensemble en tentant de détruire ce monde comme à travers les îlots d’ailleurs que sont squats et espaces autogérés. Notre anarchisme se vit dans l’échange entre les différentes luttes des anarchistes et révolté*es du monde entier, et avec les prisonnier*es de chacune de ces luttes, au-delà de strictes limites d’une identité anarchiste.
Nous souhaitons continuer à tisser de tels liens.
Pour cela, nous nous organisons en solidarité avec l’insurrection en Kanaky, tandis que ce sont (au 8 juin) plus de 756 gardes à vue [et déjà 1192 au 10 juin] , 115 renvois devant le tribunal, 60 mandats de dépôts et des dizaines d’assignations à résidence qui ont été prononcées depuis le 13 mai, avec des tribunaux et une justice coloniale tournant à plein régime pour enfermer à tour de bras dans les prisons déjà surpeuplées de Kanaky – voire en déportant des insurgé*es dans les prisons métropolitaines, à des dizaines de milliers de kilomètres de leurs proches. Il est question de soutenir des militant*es face à l’appareil répressif colonial, afin de pouvoir les soutenir au mieux face à une machine à broyer qui promet seulement de s’intensifier dans les semaines à venir. Il est aussi question de se retrouver pour discuter de quelle solidarité nous permet réellement d’agir, de là où l’on est, et de discuter avec des militant*es de Kanaky pour partager nos luttes d’ici et de là-bas, et de ce que l’on peut faire pour abattre l’État colonial français.
En tant que personnes transpédégouines, c’est aussi l’occasion de clarifier de quel genre de fierté nous voulons en ce mois de juin : une fierté anticarcérale et anticoloniale. Nous ne serons jamais du côté de l’État, de sa police, de ses matons et colons, et notre seule fierté sera leur abolition. Tandis que nos transitions se retrouvent plus menacées que jamais, nous réaffirmons que l’autodétermination de nos corps ne peut qu’aller de pair avec l’autodétermination de tous les individus, et que celles-ci seront menacées tant qu’existeront prisons, polices, frontières et États.
Ribouldingue Insurrectionnelle de Solidarité Internationale (R.I.S.I.)