Publié sur No CPR Torino, le 17/02/2025.
Dans la nuit du jeudi 13 février, les prisonnier-es du CPR [les équivalents des Centres de Rétention (CRA) en Italie] de Macomer ont manifesté (l’un d’eux est monté sur le toit) parce que deux de leurs camarades avaient tenté de se suicider et contre des conditions de vie toujours plus dégradées à l’intérieur.
Le CPR est totalement isolé du point de vue géographique, à environ deux heures en voiture de Cagliari, caché à proximité de la zone industrielle de Macomer (si bien que certains habitants des environs ignorent même son existence), étroitement surveillé par toutes sortes de forces de l’ordre et de l’armée et, pour y parvenir, il est nécessaire d’utiliser des stratégies appropriées pour éviter d’être intercepté-e et repoussé-e avant d’y arriver.
La nuit de la manifestatio, quelqu’un-e a décidé de faire un saut dans la zone du CPR pour voir ce qui se passait. De la structure, la situation semblait assez calme mais les différents points de contrôle placés dans tous les environs ont été une confirmation indirecte que quelque chose d’important s’était passé.
C’est pourquoi le matin du samedi 15 février nous avons décidé de faire un parloir sauvage pour apporter la solidarité à tous-tes les détenu-es et pour leur rappeler qu’iels ne sont pas seul-es. La réponse a été forte et chaleureuse, iels ont réussi à nous informer qu’iels sont cinquante-trois à l’intérieur, qu’une demi-douzaine de prisonnier-es ne devraient pas être emprisonné-es même avec la législation très dure en vigueur (parce qu’iels sont enfants de parents ayant la nationalité italienne ou parce qu’iels ne répondent pas aux conditions requises pour une détention administrative), que la nourriture est immangeable, qu’iels n’ont pas d’eau chaude, qu’il leur est interdit tout type de communication téléphonique sauf certaines payantes, qu’il est empêché d’exercer tout type d’activités y compris celles récréatives (iels n’ont qu’une télévision avec une seule chaine) et que certaines cellules sont complètement brûlées à l’intérieur de sorte qu’elles ne sont pas habitables. Iels nous ont dit qu’iels se rendent compte qu’iels sont tué-es lentement.
Après une demi-heure d’échange de communications avec les prisonnier-es, comme d’habitude la police est arrivée, digos [une unité de police spéciale, généralement chargée du terrorisme, du crime organisé et de crimes plus graves style kidnapping] et carabiniers, qui après nous avoir identifié-es et filmé-es et avoir enregistré les messages que nous échangions avec les prisonnier-es en langues autres que l’italien, après plusieurs heures de détention, nous intiment de partir, dénonçant les compas qui ont violé l’avis préféctoral à Macomer ; que le préfét de Nuoro, Alfonso Polverino, émet, avec des motifs imaginaires, contre tous-tes celleux qui s’approchent du CPR pour se solidariser avec les détenu-es et/ou protester.
La réponse des prisonnier-es, plus forte que prévu, est pour nous un encouragement à continuer le combat. Contre le racisme du système et de ceux qui l’appuient, contre le racisme vulgaire et sordide de la droite et le racisme élégant et raffiné de la gauche d’opposition (celle qui a créé les CPR, qui parfois fait semblant de s’indigner de manière décidée mais qui agit pour que rien ne change, en protestant contre le projet albanais de CPR tout en ignorant son prototype de Macomer), contre la distraction qui déborde dans le racisme, de ceux qui oublient l’existence de prisons comme le CPR dans une Sardaigne qui est un cayenne avec ses 14 autres prisons (dont 3 avec 41 bis) et la plus grande occupation militaire d’Europe.
Il est évident que la lutte contre le CPR de Macomer est une lutte que le système nous fait payer cher, avec l’utilisation de mesures préventives et des plaintes successives en cas d’infraction. Tant d’acharnement nous fait penser que peut-être nous sommes en train de frapper dans le mille, rappelant encore une fois que ce ne sera pas quatre flics en uniforme et un morceau de papier qui pourront nous éloigner des luttes.
LES PRISONS SE FERMENT PAR LE FEU
TOUS ET TOUTES LIBRES
Anarchistes contre la prison et la répression