Initialement publié sur le indymedia de Athènes le 18/07/2025
Nous sommes solidaires parce que :
Fotis Tziotzis ne prétend pas être innocent. Il ne cherche pas d’excuses, il ne fait pas de concessions. Il se tient sur le banc des accusés pour ce qu’il est : un anarchiste qui a choisi d’affronter le pouvoir, en actes et en paroles et il le fait sans le moindre remords, sans demander la moindre pitié.
Il n’attend de personne qu’il soit sauvé – il attend du mouvement qu’il tienne ses promesses car lui-même n’a pas reculé.
Et pourtant, alors que d’autres accusés anarchistes ont été transformés en icônes, en affiches, en bannières, en hashtags et en déclarations, Fotis a été laissé de côté. Non pas parce qu’il est moins militant, mais parce qu’il n’est pas à sa place. Il ne se vend pas autant, il n’a pas « le bon style », il n’est pas facilement consommé par une solidarité qui fonctionne souvent comme un défilé de sympathie.
Et cela aussi est un problème, pas le sien, mais le nôtre.
La solidarité n’est pas une bonne action. C’est une position politique. Elle ne sélectionne pas les « bons » et les « mauvais » anarchistes, pas plus qu’elle ne fonctionne avec des “likes” et des « trending ». Si nous choisissons qui nous soutenons en fonction de l’image plutôt que de la substance, alors nous sommes déjà vaincus.
Fotis ne demande pas le pardon ou la sympathie. Il se déclare présent, cohérent, dangereux – et c’est de cela que l’État l’accuse de crime. Pour nous, cela devrait être considéré comme une vertu. Si la répression vise ceux qui ne se soumettent pas, le silence face à de tels cas est une complicité.
Ce texte n’a pas été écrit à partir de rien. Il a été précédé de questions, de corrections, de commentaires, d’objections. Il n’est pas né d’une « inspiration », mais du processus qui produit la politique : la critique, l’affirmation, la prise de position. Et c’est cette attitude que nous voulons déposer ici.
Car si le 18 juillet, l’État prend une décision sur Fotis, ce que nous faisons, c’est que nous nous jugeons nous-mêmes. Si nous voulons un mouvement qui ne soit pas récupérable, qui ne prenne pas ses aises, il est temps de le prouver.
Pas de solidarité sélective, tous pour un, et tous ensemble contre l’État
La cohérence ne doit pas être payée par le silence, mais par le soutien.
La solidarité est un acte, pas une bannière.
Des anarchistes