Publié par Attaque le 02/12/2025, traduit de Dark Nights le 30 novembre 2025.
Note de Palang Hitam/ABC : cette lettre vient d’une partie des inculpé.es dans l’affaires « Chaos Star », détenu.es dans la caserne de la police paramilitaire de Java occidental. La référence à la FAAF, dans la signature, est Free Association of Autonomous Fires [Association Libre des Feux Autonomes]. Feu aux Prisons !
Des salutations aux ami.es et également aux ennemis,
Même maintenant, les structures du pouvoir – vieilles, rigides et imposantes – continuent de tenir. Pourtant, en août dernier, les gens ont brisé l’illusion de leur invincibilité. Elles/ils ont montré que rien n’est à l’abri de la transformation, lorsque nos désirs convergent en une force capable d’ouvrir des voies vers les mondes que nous aspirons à créer.
Nous sommes individualistes parce que nous refusons les fantasmes idéologiques d’anarchistes fané.es qui prêchent comme les missionnaires d’une religion en déclin.
Nous sommes individualistes parce que nous croyons en une anarchie de l’imagination – créative, hétérogène, débridée.
Nous sommes des individualistes qui considèrent que le nihilisme est un passage concret vers l’accomplissement de soi, au-delà des impasses messianiques de la division de la réalité entre « bien » et « mal », sachant bien que la complexité de la vie ne peut pas être réduite aux reliques en décomposition de la doctrine judéo-chrétienne – des reliques qui devraient être enterrées comme les mythes des prophètes et leurs dieux en déclin.
Nous sommes individualistes parce que nous croyons en l’autonomie absolue de chaque personne, en vue de façonner la vie qu’elle désire – mais nous croyons aussi à la coopération, à l’égalité des individus qui poursuivent leurs désirs ensemble. Notre anarchie antisociale est un refus actif des anciennes valeurs, reproduites à l’infini dans la vie quotidienne.
En même temps, nous sommes perplexes, amusé.es et diverti.es par les accusations stupides lancées par certain.es anarchistes sociaux.ales, qui nous qualifient de « puristes », comme si notre rejet de l’organisation était né d’une loyauté envers un quelque corpus anarchiste classique – une idéologie imprégnée d’eurocentrisme, striée du résidu colonial de la civilisation occidentale et infusée de l’humanisme des Lumières, la racine même de la démocratie autoritaire. Nous rejetons toutes les idéologies. Les rebelles de la Commune de Paris en 1871, les révolutionnaire.es d’Espagne en 1936, les rêveur.euses de Paris en 1968 et celles/ceux d’août 2025 – tou.tes nous rappellent des vies brèves qui ont vraiment valu la peine d’être vécues, au-delà de toute idéologie.
De derrière ces murs et ces barreaux, nous envoyons un vent tranchant à l’adresse de chaque âme sauvage, leur rappelant qu’elles ne sont pas seules face aux réalités répugnantes conçues par les puissants.
La boussole de l’anarchie nous rassemble au seuil entre le libre arbitre et la volonté de puissance. Nous n’appartenons à aucune organisation anarchiste formelle (qu’on nous épargne cela).
Nous ne faisons pas partie de collectifs impuissants comme le SYNDICAT DES PRISONNIER.ES (Serikat Tahanan), ni d’aucun groupe qui nous revendiquerait comme sien.nes – encore moins du prétendu mouvement anarchiste, avec sa rigidité digne d’une église et sa morale archaïque.
Vers la fusion de l’anarchie sociale et individuelle et vers la négation de tout mouvement radical qui reflète – ou même dépasse – les prisons mentales et physiques de l’État et du capitalisme !
Celle-ci est une lettre ouverte à tous les anarchistes de praxis. Fuck toutes les idoles, brûlons toutes les bibles radicales et attaquons l’ennemi sur tous les fronts.
FAAF et prisonnier.es individualistes
prison de la police de Java occidental, 1er décembre 2025