Initialement publié sur indymedia Barcelona le 28/08/2025
Les mots sont importants, certes. Mais lorsqu’ils restent seulement des mots, ils sont inutiles, ils ne servent qu’à remplir la bouche d’air, ils perdent leur sens. Lorsque nous disons que nous sommes solidaires et que nous voulons la liberté des prisonniers, ou lorsque nous exigeons la liberté du peuple palestinien, nous devons être cohérents. Si nous nous contentons d’analyser la réalité, si nous nous contentons de confronter des idées, si au final nous en restons seulement aux intentions, nous restons à mi-chemin. Il fut un temps où les anarchistes combinaient paroles et actions, théorie et pratique. C’était notre essence même, ainsi que notre façon de nous distinguer des autres.
Alors que les politiciens parlent sans cesse et que nous les méprisons pour cette raison même, pour leur charlatanisme, pour leurs changements de cap méprisables selon leur convenance, et finalement pour leur innocuité à changer l’ordre établi. Nous l’avons dit alors et nous le disons maintenant, la théorie n’est pas valable sans la pratique, tout comme les ambivalences ou le manque d’engagement ne sont pas valables, pas plus que de perdre son temps dans le soufisme. Le temps de penser sans agir est révolu, le temps d’analyser sans en tirer les conséquences appropriées est révolu. Enfin, il était temps, disaient les anciens anarchistes dans le passé, nous faisons enfin quelque chose, disons-nous aujourd’hui. Assez parlé, assez d’inaction, diront les Palestiniens alors qu’ils sont massacrés quotidiennement. C’est ainsi que nous disons aussi « assez », liberté pour les camarades emprisonnés.
Tout est déjà écrit. Tout a déjà été analysé. Tout est plus que clair. Qu’est-ce qui nous empêche d’agir, qu’est-ce qui nous paralyse lorsqu’il s’agit d’être cohérents avec nos idées et nos décisions ? Est-ce peut-être la peur d’être pire ? Nous nous détestons avec le mode de vie occidental, le travail, la consommation et l’obéissance. Alors que nos camarades tombés au combat ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour changer cette merde dans laquelle nous vivons, alors que nos camarades sont persécutés ou emprisonnés, nous ne pouvons pas rester les bras croisés ou faire les protestations habituelles qui sentent déjà la naphtaline, le musée de la protestation ou pire encore, les cadavres avant leur résurrection.
Si l’histoire nous enseigne que toute lutte pour changer cette existence de plus en plus militariste, autoritaire et exclusive est détournée, écrasée ou assimilée, rendons-la intransigeante, incontrôlable et non assimilable dans la pratique.
C’est pourquoi, et pour commencer par nous-mêmes, nous avons décidé d’assumer la responsabilité de continuer à pratiquer ici et maintenant la gymnastique révolutionnaire si chère à nos chers camarades d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Nous verrons s’ils peuvent assimiler ces pratiques, nous verrons s’ils seront capables d’arrêter la colère qui grandit en nous, nous verrons s’ils seront capables de contrôler le tsunami social qui s’annonce. Dans cette Europe civilisée, il n’y aura peut-être plus de révolutions sociales, ouvrières et paysannes, il n’y aura peut-être plus de révoltes des masses conscientes. Peu nous importe. Comme l’ont dit les révolutionnaires français lorsqu’ils ont pris d’assaut la Bastille, alors prison, dans l’intention de libérer ceux qui y étaient détenus : ce sera ce que ce sera… et nous ne serons pas seuls pour le voir se produire.
Ainsi, en solidarité avec nos frères et sœurs Belén Navarrete, Luciano Pitronello et Luciano Balboa, nous participons de cette manière à l’appel international pour un Août noir.
Le lundi 25 août, nous avons jeté des pierres sur la vitrine de la filiale allemande de la compagnie d’assurance Allianz, à Altsasu-Alsasua (Nafarroa), en signe de solidarité avec notre camarade allemande Daniela Klette, récemment arrêtée.
Libérez Daniela K.
Personne ne sera oublié.
Les prisonnier.es dans la rue.
Pour un Août noir.