Initialement publié par Warzone Distro, le 07/07/2024.
Pour discuter avec les prisonnier.e.s de l’affaire Susaron, écrivez simplement un email en spécifiant à qui vous voulez parler, et envoyez-le ici : solidaridad.antiespecista4@gmail.com Si vous pouvez vous le permettre, envisagez d’envoyer un peu d’argent au groupe de soutien, qui redistribuera l’argent entre elleux pour cantiner et pour les frais légaux, d’avocat et judiciaires. Leur PayPal commun est www.paypal.me/solidaridad4
Pour commencer, pouvez-vous nous faire un point à jour sur votre situation ? La dernière fois que beaucoup d’entre nous ayons eu des nouvelles, l’une d’entre vous venait d’être libérée.
Pour celleux qui ne connaissent pas les détails de notre affaire, et un petit point à jour :
Le 3 Novembre 2022, nous sommes 4 camarades qui avons été arrêté.e.s, accusé.e.s d’un incendie contre la société de viande Susaron, une industrie nationale qui fournit le pays entier en bœuf, porc et volaille depuis des années.
Le 4 Novembre, nous avons été placé.e.s en détention provisoire pour la durée de l’enquête. Accusé.e.s d’avoir incendié six camions, la salle froide et la salle de vente de l’entreprise. Et deux d’entre nous ont aussi été accusé.e.s de possession de munitions.
Depuis, la situation de notre groupe en ce qui concerne l’incarcération a eu plusieurs remous. D’abord, notre camarade Itamar a obtenu une peine de cinq ans de sursis après une longue lutte judiciaire. Cela signifie qu’elle peut sortir de prison, et passer sa peine sous contrôle de l’État. Elle doit pointer régulièrement à un bureau pénitentiaire, sous un régime de surveillance constante.
Quant au reste d’entre nous (Rocio, Tortoise et Panda), nous attendons la même libération que la compagnonne, en attente que certaines procédures légales se fassent, ce qui prend plus de temps dans la prison pour hommes de Santiago 1, à cause du grand désordre et de la corruption institutionnelle de celle-ci.
Nous espérons toustes que la “liberté” vienne. Mais, dans le cas où les choses se passeraient au pire possible, nous risquons des peines de 5 ans de prison à plus de 10 ans.
Actuellement, cela fait 19 mois que nous sommes en prison.
Ici, dans le territoire colonisé appelé amérique, il y a de nombreux débats autour du véganisme, des straight edge, et de leur association avec l’anarchie. Il y a non seulement un débat sur la compatibilité, mais aussi une perception que la tendance de libération totale est en déclin chez les anarchistes. Celleux d’entre nous affilié.e.s à Warzone Distro sont conscient.e.s que dû au progrès de la surveillance d’État, de nombreux.ses individu.e.s anarcho-nihilistes, vegan et straight edge opèrent en souterrain, publiant peu voir aucun communiqués sur leurs actions. Nous avons récemment été mis.e.s au courant d’un regain d’une activité anarcho-nihiliste, vegan et straight au soi-disant mexique, où des ami.e.s nous ont expliqué qu’elle était seulement en hibernation.
Comment décririez-vous la présence anarcho-nihiliste, vegan et straight edge de là où vous vivez ?
Dans notre territoire, il y a eu des cycles où les groupes anarcho-nihilistes vegan straight edge ont proliféré. Cela a plus particulièrement été le cas des groupes d’action Nous avons eu un camarade tombé Sebastian Oversluij ‘pelao angry’ qui est mort lors d’une attaque armée sur la banque centrale en 2013, dans une fusillade avec le personnel armée de cette branche de la banque. Ce camarade était un fervent pratiquant de la tendance vegan straight edge, menant sa vie au son de l’anarcho-nihilisme et tout ce que cela implique.
De nos jours, la présence de cette espèce particulière de rebelles est en déclin dû au progrès d’une mentalité commerciale et d’un attachement plus grand aux apparences. Cela a eu un impact indéniable sur comment les différentes générations d’anarchistes ont évoluées. Les drogues ont une place plus important pour les jeunes qui ont une position de confrontation avec le pouvoir, et cela a diminué le progrès de nombreux aspect de la lutte et du combat contre l’autorité et ses réseaux. Il en est de même avec le véganisme : il fut un temps où, dans ce coin du monde, être anarchique était quasi synonyme d’avoir une position anti-spéciste végé ou vegan. Au fil du temps, cela fut dilué dans la même avancée de la superficialité idéologique déjà mentionnée. Les pratiques éthiques pour combattre la mentalité commerciale, comme le véganisme ou le fait de ne pas prendre de drogues, ont été abandonnées. Cela est précisément dû au manque de diffusion et de propagande par les militant.e.s elleux-mêmes.
En conséquence, ce qui a particulièrement motivé nos actions en tant que groupe fut la dissémination de ce message, qui a été plus ou moins dilué avec le temps : la guerre contre l’existant d’une perspective anarcho-nihiliste, ardemment anti-spéciste et straight edge. De notre point de vue, cet objectif a été accompli, puisque ces discussions ont de nouveau eu lieu suite à notre action et à notre arrestation qui a suivi. Et a suivi l’élaboration constante de matériel de propagande suivant notre idéologie, ce qui nous donne le désir de remettre à l’ordre du jour, dans les générations futures, ces idées incendiaires, qui n’ont aucune intention de faire la paix ou de négocier avec l’ennemi. Que ce soit l’industrie d’exploitation des animaux ou toute autre autorité qui voudrait s’imposer à nous.
Dans un récent journal anarchiste papier, an article titré « Anti Speciesism: A War of Intrasignent Belligerance » a été écrit avec des références au Grupo de Respuesta Animal. Ce qui est le plus ressorti de l’article, c’est que, bien que l’auteur.e glorifie l’antispécisme et la libération animale, il y avait une critique du véganisme que beaucoup de vegans nihilistes ont trouvé décevante (ainsi que confuse aha).
Pour citer l’article :
« Il est temps de se débarrasser du véganisme comme prérequis pour l’antispécisme. La critique de comment notre monde traite les animaux est plus importante. Débarrassons nous des arguments autour du régime alimentaire.”
– Dans *Anti-Speciesism: A War of Intrasignent Belligerance
Pour celleux d’entre nous qui ont lu l’article, il était intéressant de voir un.e auteur.e glorifier le Grupo de Respuesta Animal, tout en faisant du véganisme une action ne méritant pas elle-aussi d’être glorifiée et romantisée. Nous considérons le mode de vie vegan comme un acte individuel de négation de la morale suprémaciste humaine en général et, plus particulièrement, un sabotage contre le maintien de relations autoritaires avec les animaux. Quelles sont vos pensées et expériences personnelles par rapport au fait d’être vegan, en lien avec l’anarcho-nihilisme ?
Par rapport à la divergence dans cette article, elle est très simple pour nous : Si nous avions fait partie des partisan.e.s cherchant à libérer les territoires contrôlés par les bâtards de Nazis en Europe de l’Est, nous aurions trouvé immoral et impossible d’acheter ou de consommer des produits qui provenaient des camps de concentration, que ce soient des produits du travail forcé ou même des produits fabriqués à partir des corps des captif.ve.s elleux-mêmes. A partir de là, nous ne trouvons pas sain de pouvoir mettre notre vie en jeu dans une guerre déséquilibrée contre une industrie mondiale – attaquant ses centres, menaçant ses participant.e.s et nous mettant à risque constant de mort ou d’incarcération – tout en consommant ce qui y est produit par confort et égoïsme. Cela sonnerait absurde, non ?
Et c’est le cas même si ces produits proviendraient d’hors de l’industrie, ce qui… [semble aussi être une consommation qui ne fait pas sens] … pour un.e antispéciste. L’utilisation d’un animal comme produit à consommer ou marchandise nous paraît impossible en soi. Nous pensons qu’iels ont le même droit à vivre qu’un.e être humain. Nous ne fichons que certaines doctrines ou cultures ancestrales humaines considèrent le contraire. Si un.e enfant était en train d’être mangé.e par un groupe d’autres humain.e.s en notre présence, nous le défendrions pour empêcher sa mort, non ? Nous ne voyons pas pourquoi nous ne devrions pas en faire autant pour un.e animal.
Le non-véganisme nous paraît être de la pure paresse de la part de quelqu’un qui s’identifie comme anarchiste ou antispéciste. Nous ne comprenons pas pourquoi iels participent à des conversations aussi stériles pendant que des animaux sont incarcéré.e.s, torturé.e.s, violé.e.s et tué.e.s. Il serait préférable pour elleux d’admettre qu’iels sont trop paresseux.ses pour questionner leurs habitudes de consommation, et que les apports fournis par l’exploitation animale et l’insatiable culture humaine de dégradation écologique sont pratiques, délicieux et confortables pour elleux. Et en même temps, iels sont horrifié.e.s par les images cruelles des abattoirs et des usines de de fourrure. C’est tout simplement absurde.
Cela dit, nous sommes d’accord avec le fait que le véganisme sans l’action directe est tout aussi absurde et sans intérêt. Cela en fait un antidouleur individuel et très égoïste, pendant que les véritables horreurs du spécisme continuent à exister sans que personne ne les confronte.
Pour nous, les deux (le véganisme et l’action directe) sont des parties essentielles et équilibrées l’un de l’autre. L’action directe et les habitudes. Car « rien ne change si l’on ne change pas soi-même ». Sur le lien entre anarcho-nihilisme et véganisme : le concept d’anarcho-nihilisme en lui-même est liée à la perspective anarchique de s’opposer aux problèmes créées par une société de domination d’une façon conflictuelle, active et horizontale. Cela, sans laisser du terrain aux préceptes idéologiques qui vienne d’un quelconque groupe humain. Comprendre notre liberté et notre spontanéité individuelle et la même créativité qui en naît, comme le plus essentiel de la négation que nous portons comme un drapeau contre cette réalité de marchandises et de consommation. Ne plier devant aucune autorité, pas même celle qui peut apparaître dans l’enchevêtrement de concepts de l’anarchisme lui-même. Nous ne répondons de personne, sauf nous-mêmes et les liens que nous partageons. Après cette clarification nécessaire, et d’après ce que nous avons déjà répondu aux précédentes questions, nous ne voyons aucun espace dans lequel on pourrait ne pas considérer le véganisme comme une part importante d’une vie quotidienne qui vise à se positionner contre la domination de notre espèce sur les autres.
La confrontation pratique et comportementale que nous opposons aux dynamiques si normalisées et stables qui considèrent les animaux et leur environnement comme des éléments à exploiter au profit de notre espèce malsaine commence avec nous-mêmes. Dans les dynamiques de base que nous considérons comme gouvernail de nos vies, il n’y a aucune place pour le fait d’être un rouage à l’exploitation sous une quelconque forme. Dans le cas contraire, pourquoi l’attaquerions-nous si nous la produisions nous-même ? Nous ne voyons pas l’intérêt.
Nous pensons que la perspective de l’anarcho-nihilisme est complètement liée à une pratique vegan.
Ici, en soi-disant amérique, la culture d’intoxication est toujours très associée au mouvement anarchiste. Bien que beaucoup d’entre nous anarchistes soient straight edge, il y a toujours une grande difficulté à pouvoir avoir des discussions sur le sujet de l’addiction avec les anarchistes qui ne sont pas straight edge. Les anarchistes straight edge sont quasi tout le temps qualifié.e.s de « faisant preuve de pureté militante » ou de « privilégié.e.s » (bien que beaucoup d’entre nous viennent de conditions pauvres où l’addiction et la mort dominaient nos quartiers).
Nous sommes toujours intéressé.e.s d’apprendre sur des perspectives critiques de la culture d’intoxication depuis d’autres territoires colonisés. Pouvez-vous partager des récits personnels liés à pourquoi vous incluez un mode de vie straight à votre pratique anarchiste ?
Par rapport au concept de straight edge ; nous avons toujours considéré comme essentiel de prendre soin de notre corps comme un temple, et ce comme une voie de confrontation directe. De même, cela va avec le refus du contrôle brutal exercé par l’État et ses tentacules à travers la drogue. Des générations entières de rebelles ont été ruiné.e.s à cause d’elle. Cela n’est pas cohérent avec notre concept d’opposition à toute exploitation et appareil de domination que, par notre propre laisser-aller et faiblesse mentale, nous soyons assujetti.e.s par des substances fabriquées pour apaiser le mécontentement et l’effondrement. En tant que nihilistes anarchiques, nous considérons notre corps et notre esprit comme les seules choses que nous possédons et comme notre arme principale.
Des expériences personnelles qui ont mené à ce que nous devenions straight edge : en général, au sein de nos camarades straight edge, nous faisions face à des problèmes réguliers qui ont mené à notre décision de nous positionner comme sobre des drogues.
En général dans ces territoires, la vie dans les quartiers pauvres implique une coexistence constante et harcelante avec le fléau de la drogue. Nous voyons comment des familles entières sont détruites, leurs familles étendues incluses. En même temps, c’est avec rage et impuissance que nous observons les maisons et le nombre de voitures de luxe des trafiquants croître et croître. C’est un cancer qui se propage dans quasiment tous les quartiers, de même que le contrôle que ces gens ont sur les rues, ce qui continue de se voir avec une croissance excessive. Avec le temps, ces personnes qui fournissent de la drogue deviennent des agents directs de la police dans les villes, des informateurs et intimidateurs des gens qui ne peuvent pas se défendre.
Ils fonctionnent comme des micro-États avec un ordre interne et leurs propres soldats armés. Pour nous, c’est quelque chose d’élémentaire dans notre positionnement comme opposé.e.s à la consommation et au trafic de drogues. Nous considérons les trafiquants de drogue comme les mêmes ennemis que les policiers ou les dirigeants.
Cette expérience commune, partagée par de nombreux.ses anarchistes, fut un des éléments qui a marqué notre perspective sur le fait d’être straight edge. Un autre élément, et pas des moindres, est le fait que de nombreuses générations de jeunes insurrectionnistes ont été perdues la détérioration mentale et physique générée par le réseau des drogues, et leur intrusion lente et camouflée dans la vie de celleux qui commencent à les consommer. Cela sape fortement le pouvoir es mouvements de résistance, qui nécessitent des personnes engagées et préparées aux défis qu’impliquent de se battre contre une machine si énorme et bien conçue que la structure gouvernante de domination.
Et enfin, avez-vous un message pour nous, n’importe quel.le lecteurice de cet entretien, ou d’autres complices anarcho-nilihistes vegan straight autour du monde ?
Quelques mots pour toustes nos lecteurices, et les anarcho-nihilistes vegan et straight edge ; en conclusion, après avoir de façon extensive discuté de nos bases politiques, notre appel est simple et clair : ne jamais baisser les bras et ne jamais identifier identifier la solitude idéologie ou le sentiment d’être tordu.e comme quelque chose diminuant sa force . Au contraire, dans un monde dominé par les valais de la subjugation et de l’homogénéisation, échapper au dénominateur commun est synonyme de faire quelque chose de rebelle. Même si l’on est le seul.e dans son école, famille ou quartier à comprendre ce dont l’on parle là, il ne faut pas cesser de lutter et de le faire savoir. Il faut être fier.e de sa sensitivité, de son courage et de son empathie.
Il ne faut jamais avoir peur des conséquences des actions et de la pratique, jamais avoir peur de risquer d’être marginalisé.e ou regardé.e de haut. Une vie de soumission, d’adaptation et de peur n’est pas une vie. Cela revient juste à végéter.
Évitez les caméras, de laisser des empreintes, de montrer son visage et sa corpulence, évitez les balances, évidez de trop parler… Mais, faites-le. Brûlez, détruisez, incendiez, libérez et partagez l’idée derrière.
Le passé est un échec, le futur est un carrefour. Le présent, par contre… est un cadeau. L’heure est maintenant.
“NI CULPABLES, NI INOCENTES; ENEMIGOS SIMPLEMENTE!”
(“Ni coupables ni innocent.e.s, nous sommes des ennemi.e.s”)