Initialement publié par Samidoun le 05 décembre, traduit sur https://charleroi-pourlapalestine.be/
Salutation de liberté à Hanan Saleh Abdullah Barghouti, 59 ans, du village de Kobar, dans la région de Ramallah, en Palestine occupée, libérée le 3 décembre 2024 après neuf mois de détention administrative (emprisonnement sans accusation ni procès) dans les geôles sionistes.
Hanan avait été placée en détention administrative en septembre 2023. Elle avait été libérée le 24 novembre 2023, dans le cadre de l’échange de prisonniers assuré par la résistance palestinienne à Gaza.
Après quatre mois, elle avait de nouveau été enlevée par les forces d’occupation, qui avaient envahi sa maison. Lors de sa libération des prisons sionistes, elle a parlé des conditions horribles auxquelles sont actuellement confrontées les femmes palestiniennes détenues à la prison de Damon :
« Si nous voulons parler de la situation des prisonniers, et des prisonnières en particulier, il est vrai qu’elles sont fortes et que leur moral est élevé, mais les conditions carcérales sont très rudes. Je ne veux pas parler du manque de nourriture, de sa pauvre qualité et de sa diversité très réduite. Je veux parler de l’administration carcérale, de ses méthodes de répression et de l’absence totale de lignes rouges. Elle les a franchies avec toutes les prisonnières, entre autres en les battant, en les humiliant, en leur imposant le confinement solitaire, en leur confisquant leurs vêtements ou en les harcelant sans cesse. Tout ce que vous pouvez imaginer, ils l’ont fait aux prisonnières. Ainsi, j’espère, voici donc le message adressé par les prisonnières au monde entier et à toutes les personnes concernées : C’est vrai, nous sommes fortes et nous n’acceptons pas d’être utilisées comme moyen de pression contre la résistance. Mais à quel prix les prisonnières seront-elles libérées ? Parce que l’honneur qui existe actuellement dans les prisons est violé, il n’y a pas de lignes rouges qui n’aient été franchies par l’administration carcérale. Le 25 septembre, nous avons subi une répression majeure. Ils ont emmené les filles dans la cour, leur ont menotté les mains derrière le dos et les ont battues et insultées. Le 7 octobre, ils nous ont emmenées dehors et ont fait intervenir les unités Yamaz et Keter, avec leurs chiens… Oui, le 7 octobre, il y avait des chiens. Nous avons été battues, humiliées et insultées. Le 20 novembre, il y a eu une répression majeure. Ils nous ont de nouveau emmenées dans la cour, menottées derrière le dos, les yeux bandés. Ils nous ont battues, sans épargner les femmes âgées. J’ai 60 ans, j’ai été battue et insultée. Les jeunes filles ont également été soumises à des fouilles complètes par des gardiennes. Ils ont essayé… L’administration carcérale traitait les prisonnières très brutalement tout en les déshabillant, je ne peux pas en dire plus, mais toutes les lignes rouges ont été violées à l’encontre des prisonnières. »
Il y a environ 90 prisonnières, sur les 10 200 prisonniers palestiniens dans les prisons sionistes ; remarquez que ce chiffre n’inclut pas toutes les femmes de Gaza, dont beaucoup ont été soumises à des disparitions forcées dans les camps de torture de l’occupation. Parmi ces 90 femmes, environ 27 sont en détention administrative, un emprisonnement sans accusation ni procès. Khalida Jarrar, l’éminente féministe et intellectuelle de gauche palestinienne, est détenue en isolement, loin des femmes de Damon, dans la prison de Neve Tirza et ce, depuis plus de 100 jours.
Le mari de Hanan, Mohammed Barghouti, Abou An’ad, est lui aussi emprisonné en détention administrative sans accusation ni procès après que les soldats d’occupation sionistes l’ont enlevé le 1er août, lui imposant trois mois de détention administrative le 7 août 2024. Sa détention a ensuite été prolongée fin octobre 2024.
Hanan et Mohammed sont les parents de trois fils emprisonnés : Abdullah, Omar et Islam. Leur fils An’ad a quant à lui été libéré de sa détention administrative le 15 août.
Hanan Barghouti est également la sœur du plus ancien prisonnier palestinien, Nael Barghouti, détenu par le régime d’occupation depuis plus de 44 ans. Nael était déjà l’un des plus anciens prisonniers palestiniens quand il avait été libéré lors de l’échange Wafa al-Ahrar, mais avait été repris et emprisonné de nouveau trois ans plus tard.
Hanan et Nael Barghouti sont également la sœur et le frère d’Omar Barghouti, Abou ‘Asif, qui a passé plus de 30 ans dans les prisons de l’occupation. Omar était un chef très apprécié depuis longtemps du mouvement des prisonniers ; il avait passé plus de 27 ans dans les prisons de l’occupation et était décédé en 2021. Saleh, le fils d’Omar, a été assassiné par le régime sioniste en 2018 et son autre fils, Asem, a été condamné à quatre fois la prison à vie dans les prisons de l’occupation.
À sa libération des prisons sionistes lors de l’échange obtenu par la résistance palestinienne, Hanan avait dit :
« Nous disons aux enfants de Gaza que nous nous rencontrerons au ciel et que la victoire est à nous. »
La ré-arrestation de Hanan Barghouti fait partie de l’attaque en cours contre les femmes libérées lors de l’échange d’il y a un an, puisque de nombreuses femmes ont été enlevées de nouveau par l’occupation, dont Fadwa Hamadeh, Sameh Hijjawi, Walaa Tanja, Dania Hanatsheh, Haneen Masaed et Aseel Samih Khader.
Hanan Barghouti est un symbole de résistance et de détermination. Malgré plusieurs problèmes médicaux, dont un excès de tension artérielle et un diabète, elle est à l’avant-garde de chaque manifestation pour la libération des prisonnier.e.s et celle de la Palestine.
Épouse, mère, sœur et tante de prisonniers et de combattants pour la liberté, elle a toujours refusé de rester silencieuse, même face à des menaces d’arrestation et elle a déclaré, après sa libération :
« La résistance, c’est la main de Dieu sur terre. Tant que notre résistance ira bien, nous irons bien et nous continuerons de soutenir la résistance avec nos enfants, nos âmes et notre sang. »