Compilé à partir de diverses sources listées à la suite, au 28 septembre.
Le 22 septembre 2025, suite à un appel national à la grève générale, des manifestations et blocages ont eu lieu dans plus de 85 villes d’Italie pour s’opposer à la complicité du pays dans le génocide à Gaza, sous le slogan « Bloquons tout ». Le mouvement s’oppose ainsi à l’envoi d’armes italiennes à Israël, aux massacres et au blocus de Gaza par Israël, ainsi qu’en soutien aux différentes flottilles menacées par Israël et pour l’arrêt de toutes relations entre l’Italie et l’Etat d’Israël. Il s’est caractérisé par des manifestations avec affrontements contre la police, de nombreux blocages de flux (routes et autoroutes, gares et rails de train, lignes de métro et de bus, ports, périphériques et ronds-points…) et d’actions contre des entreprises d’armement.
Des manifestations et actions ont ainsi eu lieu à Milan, Turin, Naples, Rome, Bari, Palerme, Genes, Livourne, Catane, Potenza, Lecce, Brindisi, Pise, Sassari, Cagliara, Bolzano, Novare, Brescia, Calenzano, Pérouse, Florence, Trieste, Modene, Cosenza… D’après un syndicat italien, tous les principaux ports d’Italie ont été bloqués, ainsi que 90 % des transports publics et 50 % des chemins de fer.
Tout bloquer : des gares aux autoroutes en passant par les transports en commun
A Milan, une manifestation massive a mené à l’envahissement de la gare centrale, un black bloc se formant pour affronter la police à coups de projectiles et fracasser diverses vitrines. Des drapeaux américains, israéliens et européens ont aussi été brûlés et une autoroute bloquée, tandis que la flicaille recense 60 blessés dans leurs rangs. 11 personnes ont été interpellées dont 2 mineur-es, suite à quoi un rassemblement a eu lieu devant la prison pour mineur-es Cesare Beccaria le lendemain. Les mineur-es en question ont été assigné-es à domicile après plusieurs jours de garde à vue. Les bus, trains, métros et taxis ont connu de larges retards compte-tenu d’une grève massivement suivie dans la ville.
A Rome, le métro et le bus ont été bloqués sur différentes lignes, le périphérique a été occupé, tandis que la grève s’est étendue aux secteurs de l’éducation, des services publics et de la santé. La gare de Termini a été complètement bloquée : les trains ont été annulés pour la journée, les portes fermées pour éviter l’envahissement par les manifestant-es. A Naples, les manifestant-es ont affronté la police pour entrer dans la gare centrale et ont brièvement envahi les rails, causant des retards. Les lignes de funiculaires, bus, métro et tramways étaient aussi perturbées dans la journée grâce à la grève.
A Turin aussi, la gare centrale a été bloquée le 22 et de nouveau le 24, où des manifestant-es ont occupé les voies ferrées, mais aussi des routes de la ville. Le 27, toujours à Turin, des manifestant-es ont lancé des projectiles variés sur les flics pour de nouveau tenter d’atteindre la gare, d’autres ont envahi le salon de l’automobile où des entreprises complices du génocide exposaient (telles que Hyundai dont les véhicules servent à démolir les maisons palestiniennes en Cisjordanie occupée), et d’autres encore ont bloqué le périphérique et l‘autoroute en direction de l’aéroport et tenté de l’envahir, ainsi que les bureaux du marchand d’armes Leonardo situé à proximité, après des affrontements avec des blocages de police.
A Brescia, les manifestant-es ont lancé des projectiles sur les flics et tenté de charger un barrage de police pour atteindre la gare, et ont aussi occupé une station de métro. A Bari, les manifestant-es ont pu atteindre le consulat israélien où iels ont fait face à la police anti-émeute.
A Bologne, c’est le périphérique et l’autoroute qui ont été bloqués pendant une partie de la journée, où 8 personnes ont été arrêtées suite à une intervention policière. Des manifestant-es ont caillassé la police et monté des barricades sur la route à Trieste. Plusieurs routes ont été bloquées à Pise, dont l’autoroute et route principale menant à la mer le 22, tandis que le 24 c’est la gare centrale qui a été bloquée, ralentissant le trafic. Près de Florence, à Calenzano, un péage à été bloqué sur l’autoroute. Une autoroute a aussi été bloquée à Gênes, provoquant des kilomètres d’embouteillages et de nombreuses perturbations et ralentissements. A Trente, lors de la plus grosse manifestation pro-palestinienne des dernières années, une portion de l’autoroute a été bloquée pendant plusieurs heures tandis qu’un McDo a été envahi, bloqué et recouvert de tags contre sa complicité avec le génocide. La grève a permis d’annuler des trains et de rendre la gare routière complètement déserte, fermant tous les guichets et interrompant quasiment tous les bus.
Bloquer les marchands de mort et les ports où transitent les armes
A Campi Bisenzio, proche de Florence, les manifestant-es ont envahi une usine de l’entreprise d’armement Leonardo qui fournit des armes à Israël (et appartient à l’Etat italien), menant à des affrontements avec la police et à des jets de projectiles et de pétards sur l’usine. Le siège romain de l’entreprise d’armement allemande Rheinmetall, qui fournit des armes à Israël et avec laquelle l’entreprise d’armement italienne Leonardo collabore, a été bloqué le 24 septembre par Palestine Action Italie, plusieurs personnes s’enchaînant au portail.
Des dockers en grève ont bloqué les ports de Gênes, Livourne, Trieste, La Spezia, Ravenne, Venise, Ancône, Marina di Carrara, Salerne. A Gênes, une manifestation massive a rejoint le piquet de grêve pour bloquer toutes les entrées du port dès le matin. Des manifestant-es ont affronté la police en tentant de se rendre en manif sauvage vers le port de Catane, en Sicile, tandis qu’à Venise des affrontements ont aussi eu lieu avec la police venue pour débloquer le port.
Plusieurs jours plus tard, le 24 septembre, le port de Livourne était toujours bloqué pour empêcher d’accoster un cargo américain transportant du matériel militaire destiné à Israël, le forçant à revoir sa route après 3 jours de blocages. Une occupation permanente du port continue d’avoir lieu au 28 septembre, construite pour durer. Le mercredi 24 septembre, c’était au tour du port de Tarente d’être bloqué pour empêcher d’accoster un pétrolier américain qui devait être réapprovisionné avant de se rendre en Israël pour y livrer l’armée. Les manifestant-es ont ainsi empêché toute opération de chargement et l’accostage, contre une livraison à des fins militaires et pour la mise en pratique concrète de la rupture de toute relation avec l’Etat d’Israël. Le 27 septembre, de nouveaux blocages ont lieu aux ports de Marghera (Venise) et Gênes, forçant un navire israélien ZIM et des conteneurs transportant des armes pour Israël à quitter le port de Gênes sans être chargé. A Marghera, un navire transportant des armes à destination d’Israël a reporté son accostage de quelques jours (au 29 septembre), suite à quoi les dockers ont annoncé une occupation permanente du port jusqu’à confirmation que le navire n’accostera pas, et que le chargement de sa cargaison soit donc stoppé.
Le 18 septembre déjà, la mobilisation des dockers avait forcé la municipalité de Ravenne à empêcher le transit de deux conteneurs d’explosifs vers Israël via son port. Le navire expulsé de Ravenne s’est retrouvé à tenter d’accoster à Trieste le 26 septembre, où les dockers ont déclenché une grève immediate pour empêcher tout transit d’armement, dont l’issue n’est pas encore connue. Une assemblée internationale a eu lieu les 27 et 28 septembre au port de Gênes pour amplifier la lutte contre le transit d’armes vers Israël. A la fin d’une manifestation massive clôturant l’assemblée de ce week-end, un hommage a été rendu à l’anarchiste Carlo Giuliani, assassiné par les flics italiens en juillet 2001 lors des émeutes contre le sommet du G8 à Gênes.
Bloquer les facs et lycées
Les universités de Turin, Naples, Bari, Milan, Gênes, Lecce, Florence, Rome et Bologne ont également été bloquées contre les accords avec des universités israéliennes, avec un total de manifestations dans au moins 36 universités du pays. De nombreuses écoles ont été fermées, avec 70% de grévistes dans l’éducation. Des manifestant-es ont envahi des cours à l’université de Bologne et de Sapienza (à Rome). Suite à l’attaque israélienne contre des flottilles dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 septembre, les universités de Bologne, Sapienza et Florence (depuis le soir du 22) ont été occupées, ainsi que des lycées bloqués et/ou occupés à Rome, Gênes ou Milan. A Bologne, ce sont des barricades qui ont ainsi été érigées dans la rue de l’université pour bloquer celle-ci. A Gênes, au 28 septembre et depuis plusieurs jours, le rectorat est occupé par les étudiant-es.
La CGIL, plus grand syndicat du pays, a déclaré être « prête à proclamer sans délai une grève générale en cas de nouvelles attaques, blocages ou saisies de bateaux ou de matériel ». Les actions et les blocages pour la Palestine continuent dans tout le pays depuis, suite à ce qui fut probablement l’une des plus grandes manifestations de solidarité de ces deux dernières années. Une nouvelle journée de manifestation nationale est prévue en Italie le 4 octobre, de même qu’en France et dans de nombreux pays.
Des retours de participant-es sur la journée de blocages du 22 sont disponibles dans l’article suivant.
