Initialement publié sur Stuut le 15/09/2025 ainsi que le 07/09/2025 et le 16/08/2025. Complété par des articles substack de l’ancienne prisonnière pro-palestinienne Calla Walsh le 30/08/2025 ainsi que le 06/09/2025.
Activiste emprisonnée dans l’affaire dite des « 24 de Filton » pour une action contre le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems, Teuta Hoxha était en grève de la faim pour dénoncer ses conditions d’incarcération alors qu’elle est en détention depuis neuf mois sans procès. Après 28 jours, elle vient d’annoncer la suspension de sa grève de la faim ce dimanche 7 septembre. Sa détermination lui a permis de gagner plusieurs de ses revendications : rétablissement de ses activités loisirs, réception du courrier retenu, confirmation que son emploi à la bibliothèque a été supprimé suite à l’interdiction de Palestine Action. Sa lutte avait notamment été soutenue par des grèves de la faim solidaires de prisonniers pro-palestiniens aux Etats-Unis, comme Casey Goonan et Malik Farrad Muhammad. Les soutiens de T ont déclaré qu’elle se sentait « humble et profondément reconnaissante » pour le soutien international, dont des manifestations en Belgique, à New York City et à Kuala Lumpur devant des ambassades et consulats britanniques — « la solidarité en action, pas en mots, » comme Casey l’a dit.
Prisonnier-e suite à l’Intifada étudiante en Californie, Casey Goonan [et son co-détenu à la prison de Santa Rita] avait annoncé le 7 septembre terminer sa grève de la faim de solidarité après douze jours. Vendredi 5 septembre, lorsqu’il avait appris l’existence de cette grève désormais internationale, le prisonnier africain-palestinien Malik Farrad Muhammad a déclaré qu’il entamait une nouvelle grève de la faim depuis l’Oregon. Militant anarchiste et abolitionniste pénal, il est en détention depuis 2020 suite à sa participation à une action contre la police raciste après l’assassinat de George Floyd par un policier en 2020. Il a plaidé coupable de 14 crimes et a été condamné à 10 ans de prison en 2022, la peine fédérale la plus lourde pour un manifestant de 2020. Sa déclaration ci-dessous :
« Gaza est une prison. C’est un véritable enfer. Les habitants sont affamés. Et [nous, prisonniers aux États-Unis], nous sommes invisibilisés, comme si nous avions disparu. Mais nous ne resterons pas silencieux alors que nos frères et sœurs souffrent. Si la communauté internationale n’agit pas, c’est à nous de le faire. Les prisonniers du monde entier ne devraient pas manger tant que les Gazaouis meurent de faim. Alors que la communauté internationale tolère l’apartheid forcé en Cisjordanie, indifférente aux centaines de milliers de morts et aux millions de personnes déplacées, qu’elle assiste donc à la famine des prisonniers du monde entier. »
Au début de sa grève de la faim, Casey Goonan avait déclaré :
« Aujourd’hui, j’ai appris que T. Hoxha, prisonnièr·e de Pal Action au Royaume-Uni, est au 16ᵉ jour de grève de la faim à HMP Peterborough. Au 26 août 2025, 16 h (heure de l’Est), deux de ses trois revendications avaient été satisfaites, mais iel poursuit la grève pour exiger la remise du courrier que l’administration pénitentiaire lui refuse.
En tant que captif·ves emprisonné·es pour notre participation au mouvement de libération palestinienne en Occident, nous avons une responsabilité mutuelle par-delà les frontières : vivre nos vies en prison avec la même détermination que le mouvement des prisonnier·es palestinien·nes détenu·es dans les prisons israéliennes.
Les États qui nous ont capturé·es sont complices du génocide accéléré de l’entité sioniste et de l’extermination des Palestinien·nes à Gaza, ainsi que des génocides en cours contre les peuples Noir·es et autochtones dont ils occupent toujours les terres.
Alors que la gauche occidentale passe de crise en crise en évitant ses responsabilités envers la Palestine, nous sommes tout ce que nous avons. Par “nous”, j’entends les personnes réprimées pour leur soutien à la Palestine, qui se sacrifient — vraiment se sacrifient. Des personnes comme T. Hoxha, qui a enduré 16 jours de faim juste pour obtenir son courrier.
Le mouvement de solidarité avec la Palestine en Occident ne peut pas abandonner des personnes comme ellui, qui ont risqué leur vie et continuent de le faire dans la résistance à cette condition intolérable de génocide.
La solidarité, ce sont des actes, pas des mots. À partir d’aujourd’hui, mon codétenu et moi sommes en grève de la faim à la prison de Santa Rita jusqu’à ce que ses revendications soient satisfaites. Solidarité avec T. Hoxha et avec tou·tes les prisonnier·es du mouvement de solidarité avec la Palestine !
ABATTEZ LES MURS ! LIBÉREZ TOU·TES LES PRISONNIER·ES DE L’EMPIRE COLONIAL DE PEUPLEMENT ! »