Cet été, les sabotages de voies ferrées vont bon train. Parmi les actions directes menées :

les sabotages coordonnés du 26 juillet 2024, qui ont paralysé les transports TGV en France, quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques

le double sabotage du 29 juillet incendiant les câbles le long des voies ferrées à Brême et à Hambourg qui a paralysé une partie des trains à grande vitesse allemands

la déformation d’un rail d’une voie de chemin de fer désaffectée près de Bure – en solidarité avec la lutte contre la ligne coloniale de Botnie du Nord en Suède pour de l’extractivisme et l‘appel à actions « Train to nowhere »

– fin août, l’incendie d’un pont ferroviaire de la compagnie Portland and Western dans l’Oregon (Etats-Unis) qui s’inscrit dans l’appel Switch Off! The System Of Destruction

– le 21 août, des engins incendiaires ont été placés sur les câbles de signalisation de la voie ferrée dans le canton de Mettmann (Allemagne), revendiqué par le commando Commando Angry Birds
Le récent article de Reporterre « Pourquoi cibler des trains ? Une histoire du sabotage » commence par la formule : « Le train a toujours été une cible privilégiée des saboteurs. » ; tandis que le tract « Le blocage du train-train quotidien par d’autres moyens » distribué en mars 2023 dans les dernières manifs autour de la réforme des retraites clame « Si des manifs, des blocages, des occupations, regroupant des tas de gens vont être nécessaires pour créer un rapport de force, le sabotage a toujours été un moyen d’action pour les révolté-e-s. », avant d’ajouter que « Ce sont ces réseaux qui font aujourd’hui fonctionner l’économie et par lesquels circulent les transactions financières. »

Pour citer quelques sabotages de chemin de fer survenus ces dernières années – dont la lecture peut inspirer – on peut citer ces communiqués et articles de presse :

Cassis (Bouches-du-Rhône) : saboter le train-train de la normalité (juin 2024)

Sabotage du chemin de fer Toulouse-Narbonne contre l’A69 (février 2024)

Düsseldorf (Allemagne) : sabotage incendiaire des voies ferrées (janvier 2024)

Marseille (Bouches-du-Rhône) : saboter le train-train quotidien (novembre 2023)

Düsseldorf (Allemagne) : série de sabotages contre le chemin de fer (mai 2023)

Toulouse (Haute-Garonne) : sabotage incendiaire du trafic SNCF (avril 2023)

Laluque (Landes) : sabotage incendiaire du trafic de la SNCF (avril 2023)

Paris : saboter le train-train quotidien (et suite) (janvier 2023)

Le Teich (Gironde) : Sabotage de la ligne SNCF (janvier 2020)

Nissan-lez-Ensérune (Hérault) : Incendie d’une armoire électrique de la ligne SNCF (janvier 2020)

Toulouse : Incendie d’une armoire électrique de la SNCF (janvier 2019)

Vaucluse : Trois armoires de la SNCF incendiés (décembre 2018)

Ligne SNCF Lille-Douai : Commente arrêter le TER (avril 2018)

Et ce qu’on apprend du côté de la SNCF :

Sabotage près de la gare de l’Est : 5 millions d’euros débloqués pour sécuriser le réseau SNCF d’Île-de-France (février 2023)

La SNCF se plaint des sabotages (juin 2016)

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Concernant les trains de déchets nucléaires, en novembre 2011, 6 mois après la catastrophe de Fukushima, un appel lancé par le collectif Valognes-Stop-Castor invitait à venir s’opposer au régime ordinaire de l’industrie nucléaire. Ce texte annonçait un campement pour perturber le passage d’un train CASTOR (transport de déchets nucléaires hautement radioactifs) en provenance de l’usine de la Hague et à destination du site de stockage de déchets de Gorleben, en Allemagne, où l’attendaient des dizaines de milliers de contestataires, comme chaque année à la même période depuis une vingtaine d’années. Plusieurs centaines de personnes se réunissent à Valognes dans le Cotentin avec la ferme intention de bloquer un train CASTOR de déchets nucléaires, participant de cette circulation quotidienne de matière radioactive, par voie ferrée, routière ou maritime. De nombreux textes existent sur ce campement et les actions menées.

La brochure « Trainstopping » (en français, anglais, allemand) , accompagnant à l’origine une exposition permanente installée pas très loin de Bure, est un manuel paru en 2019 et revenant sur les différentes formes de lutte contre les transports nucléaires.

« L’exposition [et la brochure] est consacrée au thème à multiples facettes du blocage et du sabotage des voies ; la résistance à l’un des points les plus sensibles de la logistique atomique. D’un point de vue artistique, nous documentons diverses formes d’action et techniques qui ont été conçues et développées au fil du temps par des personnes résistantes. L’exposition aborde également des questions telles que la sécurité, la responsabilité et la possibilité de communiquer sur de telles actions. »

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Enfin, les méthodes de lutte contre les transports ferroviaires expérimentées ces dernières décennies (depuis que le train existe..) sont variées. Pour compléter le propos, nous avons choisi d’ajouter aux sources précédentes plusieurs articles issus des guides pratiques de Montréal Contre-info, détaillant des méthodes de blocage et de sabotage de voie ferrée et privilégiant l’attaque matérielle. Ces articles relatent d’actions menées en solidarité avec le peuple indigène Wet’suwet’en, qui défend son territoire face à l’industrie coloniale et extractiviste canadienne :

Un appel d’allochtones à allochtones à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en (2020) Et la version améliorée de la section pratique du texte : #ShutDownCanada : Perturbations ferroviaires nocturnes

« Le sabotage ferroviaire fonctionne à la fois comme tactique et stratégie, alors nous appelons à des perturbations ferroviaires continues en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en qui défend son territoire non cédé contre l’industrie et une invasion policière.

Nous recommandons l’emploi de fil de cuivre pour activer les blocs signaux et détruire les postes d’aiguillage et les rails d’acier — mais même de grands groupes de désobéissance civile peuvent bloquer des voies ferrées essentielles, ce qui est beaucoup mieux que de ne rien faire. Continuez à lire pour avoir les détails, les mises en garde et les liens.

Comme à chaque fois, nous vous encourageons à penser à vos cœurs, ainsi qu’à la pérennité de ses actions et de la lutte de manière générale. Un petit rappel de prendre soin de vous, de vos empreintes digitales et de vos traces d’ADN — pour la sécurité de tous·tes — car la répression suit souvent l’action. »

Méthodes détaillées : Méthode fil en cuivre ; Détruire les postes d’aiguillage ; Détruire les rails d’acier (thermite en poudre, thermite dure, thermite moulable)

Ontario : Sabotages ferroviaires en solidarité avec les Wet’suwet’en (2021)

« Un soir d’il n’y a pas longtemps, des allié.e.s/complices sont sorti.e.s la nuit pour reprendre là où d’autres se sont peut-être arrêté.e.s, au printemps 2020 : cibler les infrastructures ferroviaires.

En utilisant différentes méthodes (détaillées ci-dessous pour votre connaissance, votre éducation et votre plaisir !), nous avons perturbé la circulation ferroviaire dans tout le sud de l’ainsi-dit Ontario, pendant toute la nuit, en frappant presque une douzaine d’endroits différents sur les lignes des chemins de fer du CN et du CP.

Nous l’avons fait par solidarité, de tout notre cœur, avec les Wet’suwet’en qui défendent leur Yintah de la destruction et nous avons alimenté nos actions avec la rage justifiée que nous ressentons envers la Gendarmerie royale du Canada et l’État, qui envahissent une fois de plus leur territoire au nom d’une société privée.

Le chemin de fer a été le signe avant-coureur de la colonisation et du génocide des peuples indigènes à travers l’ainsi-dit Canada et il est aussi un moyen, difficile pour eux à défendre, pour s’en prendre à l’économie kkkanadienne, du coup nous trouvons que c’est une cible idéale pour des personnes qui ne peuvent pas être là-bas aux côtés des défenseur.euse.s des terres Wet’suwet’en.

Alors que certaines équipes ont opté pour la méthode du fil de cuivre, d’autres ont trouvé leur inspiration dans d’autres façon de cibler les circuits ferroviaires – y compris en sectionnant les circuits à basse tension des voies et en incendiant des guérites de signalisation ferroviaire.

Chacune des méthodes utilisées a déclenché le système de signalisation automatique de blocage, via son réglage de sécurité de « voie occupée » – ce qui signifie que tout le trafic ferroviaire sur la voie en question s’arrête jusqu’à ce qu’elle soit vérifiée et, dans certains cas, réparée. Cela signifie aussi que ces perturbations étaient moins dangereuses que n’importe lequel des trois raids injustifiés de la GRC militarisée contre le peuple Wet’suwet’en. »

Méthodes détaillées : méthode du câble en cuivre, câbles des éclisses, guérites de signalisation, exploitation du protocole ferroviaire

Solidarité avec #NODAPL : comment bloquer des chemins de fer

Vidéo « how to block trains » (2:17, anglais sous-titré en français)

Méthode décrite : duper le système de signalement des trains (avec câbles à booster)