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[USA] Nous avons fermé Elbit ! – Réflexions depuis Cambridge sur la campagne contre Elbit.

Posted on 13/11/2025 - 12/11/2025 by dingueries

Initialement publié sur CrimethInc le 10/10/2025.

Elbit System est la plus grande entreprise d’armement israélienne. Le 8 septembre 2021, Elbit a annoncé vouloir ouvrir un « pôle innovation » à Cambridge, dans le Massachusetts, pour sa filiale KMC Systems. En moins de 3 ans, le Centre d’Innovation a dû fermer sous la pression d’activistes.

La résiliation anticipée du bail de l’année dernière pour le bureau de KMC est la première fois que des militant·es aux États-Unis ont contraint Elbit Systems à fermer une de ses installations. C’est aussi un des rares succès que compte le mouvement américain de solidarité avec la Palestine depuis le début du génocide à Gaza, en 2023. Cette analyse anonyme qui nous a été envoyée étudie la campagne d’actions directes ciblées menée pendant un an qui a réussi à expulser KMC Systems de la ville de Cambridge.

Pour commencer

Le 8 septembre 2021, la plus grande entreprise d’armement israélienne a annoncé que sa filiale KMC Systems avait ouvert un Centre d’Innovation au cœur de Cambridge. KMC Systems (ci-après dénommée du nom de sa compagnie-mère, Elbit) a justifié cette implantation par la croissance anticipée de l’entreprise. Le lancement de leur expansion à Cambridge met l’entreprise à distance des lieux de recrutement de ses « meilleurs talents », comme Harvard ou le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Pendant que le maire de la ville coupait joyeusement le ruban, les activistes prenaient des notes. Mais iels n’ont pas frappé immédiatement.

Près de Somerville [située également dans le Massachusetts], plusieurs associations pro-Palestine étaient occupées à faire pression sur Puma pour que l’entreprise stoppe son partenariat avec l’équipe de football israélienne. D’autres préparaient discrètement la publication d’un projet de recherche interactif sur les soutiens du sionisme dans le Massachusetts, connu sous le nom de The Mappping Project. Plus d’un an s’est écoulé avant qu’une manifestation soit organisée contre Elbit, en réaction à l’attaque meurtrière perpétrée par Tsahal contre le camp de réfugiés de Jénine en janvier 2023.

En décembre 2021, les manifestant.es du BDS Boston ont contraint Puma à fermer temporairement son magasin d’usine.

Quelques jours plus tard, une foule d’environ 300 personnes s’est regroupée devant la mairie de Cambridge et s’est scindée en deux blocs pour aller perturber le Centre d’Innovation situé au 130 Bishop-Allen Drive. Comme le bâtiment de trois étages était cerné par une mer de drapeaux palestiniens, plusieurs douzaines de manifestant·es ont pris d’assaut le hall d’entrée. Toutefois, les accès verrouillés aux étages ont empêché les militant·es d’atteindre le second étage, là où Elbit louait ses bureaux. Qu’à cela ne tienne, les organisateur·rices ont pris la parole pour faire des discours contre l’entreprise d’armement, iels ont perturbé le travail des employé.es situé.es au premier étage, et ont quitté les lieux avant l’arrivée de la police pour éviter toute arrestation. La manifestation a continué sans problème vers le campus du MIT.

Plusieurs mois plus tard, en avril, des organisations ont appelé à un premier rassemblement spécifiquement contre Elbit. Quelques douzaines d’activistes ont répondu présent, ont marché jusqu’aux bureaux et ont crié des slogans dehors. Quelques semaines plus tard, le 15 mai, jour de la Nakba, un rassemblement s’est transformé en manifestation sauvage pour au final s’arrêter devant chez Elbit. Cette fois, quelqu’un·e a tagué « rendez les terres » [en référence à la colonisation] sur la façade de l’immeuble avant que la marche ne continue.

Sentant que quelque chose risquait de lui arriver, l’entreprise a tenté de dissimuler sa présence dans la ville. Après deux manifestations d’affilé devant ses locaux, elle a retiré le logo KMC Systems et teinté ses fenêtres. Trop tard.

Ce printemps-là, un groupe d’activistes nommé BDS Boston [Boston est dans le même État que Cambridge] a lancé une campagne pour virer Elbit de Cambridge. Iels ont commencé par quadriller les commerces alentour. Au bout de la troisième action, tous les commerces ont été prévenus. Beaucoup d’entre eux se sont montrés compréhensifs, quelques-uns ont même proposé d’afficher des tracts condamnant leur voisin. À deux pâtés de maison des bureaux, un café palestinien populaire a affiché les tracts bien en évidence au niveau de la caisse. On ne peut qu’espérer que cela ait gâché la pause déjeuner d’un employé d’Elbit.

D’avril à octobre 2023, BDS Boston a régulièrement tracté dans le quartier. Souvent quelques activistes, parfois jusqu’à une vingtaine, se rassemblaient devant les bureaux d’Elbit pendant la semaine pour distribuer aux passant.es des tracts contenant des informations sur l’entreprise d’armement implantée dans leur quartier. Ces premières actions n’étaient pas une confrontation directe, mais elles ont permis d’établir une présence visuelle et une routine qui se montrera importante dans les mois à venir.

Ces premiers tractages ont aussi été soutenus par le groupe philippins Malaya Movement. En août, le groupe a déposé une proposition de résolution au conseil municipal pour soutenir le Philippine Right Act [loi américaine qui vise à empêcher l’envoi d’armes aux Philippines tant que des mesures strictes d’encadrement et de respect des droits humains n’auront pas été prises]. Cette proposition incluait une clause condamnant les crimes de guerre d’Elbit aux Philippines. Le conseil municipal a voté pour retirer toute mention d’Elbit.

Au début de l’automne, des messages tels que « War criminals work at 130 Bishop-Allen Drive » (« Des criminel·les de guerre travaillent au 130 Bishop-Allen Drive ») et « Elbit out of Cambridge now! » (« Elbit, hors de Cambridge immédiatement ! ») ont été tagués sur les trottoirs des quartiers riches situés à proximité des bureaux, suscitant quelques discussions sur les forums Reddit locaux.

En octobre 2023, Elbit a supprimé de son site l’adresse de ses locaux à Cambridge. Ce sont les militant·es elleux-mêmes qui ont rendu cette information publique.

Le 7 octobre 2023

Le 7 octobre 2023, le blocus de Gaza a été momentanément brisé quand 3000 militant·es dirigé·es par les Brigades Al-Qassam ont vaincu l’occupation sioniste par la mer, les airs, mais aussi par leurs incursions terrestres et souterraines. Le monde a été choqué, beaucoup ont anticipé une escalade de violence de la part de Tsahal immédiatement après. Un élan de soutien a secoué le mouvement de solidarité avec la Palestine. Des manifestations ont eu lieu partout. À Boston, des centaines de personnes ont pris la rue pour soutenir la résistance. Un des premiers grands rassemblements à Boston s’est d’ailleurs focalisé sur Elbit.

En l’espace d’une semaine, un nouveau groupe inspiré du modèle du réseau d’action directe Palestine Action (et ayant brièvement le même nom) a empêché les employé·es d’Elbit d’entrer dans leurs bureaux. Avant l’ouverture des bureaux, trois activistes de Palestine Action US ont barricadé la porte de l’immeuble en s’attachant par le cou aux poignées de porte avec des antivols pour vélo. Un·e autre a aussi tagué à la peinture rouge sur le trottoir « Shut Elbit Down » (« Fermons Elbit »). Ayant successivement découragé les employé·es, les militant·es se sont libéré·es de leurs liens et sont rentré·es chez elleux sous le nez d’une police perplexe.

Quelques heures après, des activistes ont à nouveau vandalisé l’immeuble. Les murs ont été tagués de slogans anti-Elbit et les lecteurs de cartes d’accès ont été détruits. Quatre jours plus tard, des activistes anonymes ont de nouveau frappé le bâtiment, détruisant à nouveau les lecteurs de cartes et aspergeant les murs de peinture rouge, peinture qui a nécessité plusieurs semaines pour être effacée.

Intercontinental Real Estate, la société immobilière propriétaire des locaux rue Bihsop-Allen qui loue le deuxième étage à Elbit, a été visée la semaine suivante. Des activistes anonymes ont arrosé les bureaux de peinture rouge et détruit les lecteurs de carte d’accès. Une chaine d’information locale a également été visée lors de cette action « peinture ».

Pendant ce temps, BDS Boston est passé du simple tractage à des actions de protestations devant les bureaux et a annoncé l’organisation de manifestations bruyantes. Des foules petites ou moyennes selon les semaines ont répondu à l’appel et apportaient à présent banderoles et mégaphones.

Le 30 octobre, Palestine Action a appelé à un rassemblement devant les locaux d’Elbit. Plus de 200 personnes ont répondu présent. La police a mis en place un périmètre de protection à l’aide de barrières en métal autour des bureaux et a placé des agents derrière ces dernières pour sécuriser les accès. La foule a chanté des slogans contre la police qui protégeait une entreprise d’armement. Quelques personnes ont commencé à pousser les barrières pour se rapprocher du bâtiment. Mal préparée, la police a paniqué. Ils ont arrêté des individus, les ont plaqués et aspergés sauvagement de lacrymo. Un flic a glissé sur des feuilles d’arbres mouillées et s’est cassé la figure de manière caricaturale. Les officiers se disputaient ouvertement entre eux sur la marche à suivre. Les activistes se sont libéré·es mutuellement et ont repoussé la police, et certain·es ont lancé avec enthousiasme des œufs et des fumigènes.

Malgré tout, neuf personnes ont été arrêtées pour des accusations allant du « trouble à l’ordre public » à l’agression d’un policier. Toutes ont été libérées le soir même, et un juge a finalement levé toutes les charges qui pesaient contre elles.

Intercontinental Estate, vous ne pouvez pas vous cacher !

Après le rassemblement du 30 octobre, Palestine Action a relâché la pression sur la filiale d’Elbit à Cambridge. Le groupe appelait à une manifestation le 14 décembre, qui a été plus tard discrètement annulée. En ligne, iels promouvaient des actions contre Elbit Systems au niveau national, et poussaient les gens à s’organiser contre la machine de guerre, sous la forme de groupes affinitaires et d’utiliser l’action directe. En novembre, le groupe a organisé sa dernière action publique avant sa dissolution. Le 20 novembre, des activistes ont envahi une usine d’Elbit à Merrimack, dans le New Hampshire. Iels ont cadenassé les entrées, brisé des portes vitrées, couvert les bâtiments de peinture, cassé le système d’air conditionné, et tagué « Free Gaza, Fuck Elbit! » (« Libérez Gaza, Nique Elbit ! »). Quatre personnes ont été arrêtées, iels ont purgé 40 jours de prison et sont maintenant sous contrôle judiciaire pendant deux ans.

Autour de Boston, différentes ONGs et les Democratic Socialists of America ont appelé futilement Elizabeth Warren et d’autres membres du Congrès à soutenir et demander un cessez-le-feu. La section locale de Jewish Voice for Peace and If Not Now ont brièvement imité les actions de désobéissance civile d’activistes juif·ves survenues à New York et Washington et qui ont fait les gros titres. Le Party for Socialism and Liberation a épuisé des militant·es en marchant devant des bâtiments consulaires vides et lors de rassemblements dans des parcs les week-end. Occasionnellement, des militant·es autonomes ont mené des actions contre les entreprises Boeing, Raytheon et Boston trucking logistics.

Pendant ce temps, BDS Boston se creusait la tête pour trouver de nouvelles manières de faire pression sur Elbit. À la fin du mois d’octobre, le groupe a lancé une autre campagne contre l’entreprise propriétaire des bureaux, Intercontinental Real Estate. Sur les réseaux sociaux, BDS Boston a publié les noms, mails et numéros de téléphone de trois autres compagnies louant les locaux au 130 Bishop-Allen. Durant les dix mois suivants, l’espace de coworking du rez-de-chaussée et les cabinets d’architectes à l’étage recevaient des mails et des appels téléphoniques au sujet de leur voisin du deuxième étage.

Tract d’information de BDS Boston concernant Elbit Systems diffusé en novembre 2023.

Les militant·es de BDS mettaient à rude épreuve les relations au sein de l’immeuble tout en appelant elleux-mêmes la compagnie immobilière. Lorsque le ou la réceptionniste de l’entreprise propriétaire des bureaux a commencé à raccrocher, les militant·es ont essayé une nouvelle stratégie pour joindre la société. Un syndicat local de locataires a envoyé des organisateurs·rices dans un autre immeuble appartenant à Intercontinental, un complexe d’appartements de luxe situé au centre-ville. Les militant·es ont interpellé les résident·es irrité·es au sujet de leur propriétaire, le PDG d’Intercontinental Real Estate, « Peter “Genocide Profiteer” Palandjian » (« Peter Plandjian, le profiteur du génocide »). Les plaintes sont certainement remontées à la société. Lorsque le syndicat des locataires a organisé une deuxième campagne, des agents de sécurité privés les attendaient.

Votre banque tire-t-elle profit du génocide ?

Le 22 janvier, BDS Boston a élargi ses actions contre Elbit pour inclure la banque d’investissement JP Morgan Chase. Ce jour-là, plus de 200 personnes ont marché en direction de la branche locale de la banque. De leur propre chef, des individu·es autonomes ont pris la tête de la manifestation et ont perturbé les activités du bureau de la succursale, chanté des slogans anti-Elbit et jeté de faux billets tachés de sang. À l’extérieur, les activistes ont formé une chaîne humaine, bloquant ainsi le bâtiment. La succursale a fermé ses portes pour la journée.

Moins d’un mois plus tard, des centaines de militant·es ont fermé une succursale de la banque Chase à Jamaica Plain, un quartier de Boston. Une poignée de militant·es ont refait le coup des billets tachés de sang, d’autres ont apporté des gravats et des draps ensanglantés à mettre devant l’entrée, visibilisant ainsi les investissements de la banque dans les activités d’Elbit et donc sa participation au génocide. Une foule dense a bloqué l’entrée de la banque, la forçant à fermer pour la journée. L’intersection la plus proche a également été occupée, bloquant ainsi le trafic routier. Là, des prises de paroles du Palestinian Youth Movement ont eu lieu, prônant l’action directe. D’autres personnes ont parlé en soutien à la résistance armée du peuple palestinien.

Le formulaire 13F déposé par JP Morgan Chase auprès de la SEC en mai 2024 indiquait une réduction de 70 % des actions Elbit détenues, dont la valeur totale est passée de 54 millions de dollars à seulement 16 millions de dollars.

Des actions similaires ont eu lieu plusieurs fois. BDS Boston appellera à se rassembler devant des succursales de la banque, appels suivis habituellement par une centaine de personnes. Comme la foule empêchait physiquement les gens d’entrer, d’autres personnes ont agi comme iels l’entendaient, généralement en jetant des faux billets tachés de sang, en bloquant l’entrée avec des gravats, en taguant ou en déposant des draps ensanglantés devant la porte d’entrée. Chaque action a eu pour effet de faire fermer la succursale de la banque pour la journée. Seule une personne a été arrêtée, accusée d’avoir déposé des gravats, et les charges qui pesaient contre elle ont finalement été levées.

Les campements étudiants

Le 17 avril 2024, les étudiant·es de Colombia ont occupé le campus avec des campements étudiants pour Gaza. La police les a attaqués dans les jours qui ont suivi. Quand les étudiant·es sont revenu·es avec leurs tentes, iels n’étaient plus seul·es. En l’espace d’une semaine, des manifestations similaires ont éclot à travers le pays. À Boston, les étudiant·es ont dressé des camps à Harvard, au MIT, à Emerson, à l’Université de Boston et à Northeastern.

Dans les jours qui ont précédés cette « intifada étudiante », BDS Boston a simultanément prit pour cible quatre succursales de la banque Chase à travers la ville. Ce fut la dernière manifestation sur ce sujet avant le milieu de l’été, et l’avant-dernière de toute la campagne, la plupart des organisations pro-Palestine ayant décidé de concentrer leur énergie pour soutenir les campements dans toute la ville.

Les manifestations ciblant Elbit n’ont plus eu lieu jusqu’à la fin du mois de mai. Profitant de l’énergie dégagée par les campements étudiants et les perturbations de la banque Chase, de plus en plus de personnes ont rejoint le combat, avec la farouche volonté d’occuper le carrefour situé devant les bureaux d’Elbit. Au moins 50 personnes bloquaient régulièrement l’avenue Bishop-Allen, entraînant habituellement des affrontements de faible intensité avec la police de Cambridge, qui était impuissante. Les manifestant·es ont toujours réussi à tenir la rue.

La dernière ligne droite

En février, des organisateur·rices de BDS Boston ont appris que les employé·es d’Elbit avaient ordre de ne pas venir travailler dans les locaux quand il y avait des manifestations. Les rassemblements ont donc régulièrement repris. Au début du mois de mai, les actions contre les agences Chase ont décru. La banque Chase a baissé ses investissements dans les activités d’Elbit à hauteur de 70 %, passant de 56 à 16 millions de dollars. Les activistes ont continué à appeler les autres entreprises présentent dans le bâtiment d’Elbit tout au long du printemps et de l’été. Des secrétaires agacé·es ont parfois admis que l’entreprise propriétaire des locaux tentait de résilier le bail d’Elbit aussi vite que possible. Les associations l’ont pris comme un encouragement, mais l’ont traité comme rien de plus qu’une rumeur. Si c’était vrai, alors il fallait encore accroître la pression sur le propriétaire.

Fin juin, plus de 100 personnes se sont retrouvées au parc Harvard dans cet objectif. La foule a marché un mile (un peu plus 1,5 km) vers le nord, jusqu’à la maison à 15 millions de dollars du PDG d’Intercontinental Real Estate, Peter Palandjian. Iels se sont rassemblé·es devant la maison jaune, et les militant·es ont fustigé Paladjian d’avoir encaissé des « loyers sanglants » et ont demandé à ce qu’il expulse immédiatement Elbit. Des voisins ont râlé après cette perturbation bruyante en milieu de journée. Les manifestant·es ont placardé dans sa rue des photos de lui, avec écrit « Recherché pour avoir financé un génocide. Dites à votre voisin d’expulser ses locataires génocidaires ».

Fin juin 2024, des manifestant·es se sont rassemblé·es devant la maison de Peter Palandjian, PDG d’Intercontinental Real Estate Corporation, d’une valeur de 15 millions de dollars, pour exiger qu’il expulse KMC, la filiale médicale d’Elbit, de son « Centre d’Innovation de Cambridge ».

Au mois de juillet, BDS et le Palestinian Youth Movement (PYM) ont appelé à une semaine d’actions. Le but était d’augmenter l’implication de la population de Boston dans la campagne contre Elbit, avec quelque chose de prévu chaque jour. PYM a présenté à plus de 100 personnes un atelier pour comprendre les mécanismes de l’oppression et de la colonisation en Palestine. Le matin suivant, une foule d’individus a bloqué l’accès à la banque Chase située à Harvard Square et ce, de son ouverture jusqu’à sa fermeture. Plus tard, le PYM a organisé un atelier de broderie palestinienne (Tatreez), suivi d’une conférence du groupe No Tech for Apartheid.

Le lendemain, BDS Boston et le PYM avaient organisé un rassemblement de 18h devant les bureaux d’Elbit. Pendant la journée, les manifestant·es ont bloqué Elbit et chanté des slogans en soutien à la résistance. Une conférence de l’Université Populaire pour la Palestine s’est déroulée en plein milieu de la rue. Durant la nuit, la manifestation est devenue une veillée en mémoire des martyrs palestiniens. Une seule fois, un agitateur a tenté de perturber le rassemblement : une nuit, un homme seul muni d’une sono a interrompu la veillée en diffusant de la propagande sioniste en arabe. Les militant·es l’ont collectivement hué, l’ont encerclé avec leurs keffiehs et ont fini par le dégagé.

Plus tard, cet espace a encore été occupé. Les activistes ont monté des tentes et ont apportés des oreillers pour rendre l’occupation de la rue plus confortable. Iels ont projeté Tell Your Tale Little Bird, un film parlant de la résistance des femmes palestiniennes contre le mur de séparation. Durant toute la nuit, le carrefour devant les bureaux a été bloqué et appartenait aux manifestant·es.

Une autre nuit, quelques douzaines d’activistes sont retourné·es devant la maison du propriétaire des locaux dans le nord de Cambridge. Vers 2 heures du matin, devant son jardin, iels ont fait un boucan monstre et scandé des slogans appelant à virer Elbit. Alors que la sécurité privée a commencé à traquer les militant·es et à les filmer, Palandjian énervé et en sous-vêtement est sorti sur le porche de sa maison pour crier sur les manifestant·es.

La police surveille les manifestant·es solidaires de la Palestine le 2 septembre 2024.

Elbit hors de Cambridge

À la fin de l’été, la campagne avait gagné en ampleur. L’action directe contre Elbit était devenue une pierre angulaire des organisations pro-Palestine de Boston. BDS Boston organisait des rassemblements hebdomadaires devant les bureaux, occupant de plus en plus d’espace et s’habituant à résister face à la police. Peter Palandjian commençait à être de plus en plus irrité. Les locataires du dessus rapportaient des rumeurs selon lesquelles la plupart des employé·es d’Elbit avaient commencé à travailler à domicile. Les bureaux étaient presque toujours vides.

Le 18 août, le journal local Cambridge Day rapporta que les bureaux étaient déserts. Elbit le confirma publiquement : iels étaient parti·es. Quelques jours plus tard, des militant·es organisèrent une marche pour célébrer la nouvelle. Iels prirent possession de l’intersection en dessous des bureaux désormais vides, au deuxième étage, où des éclats de peinture rouge étaient encore visibles sous les stores tirés. Quelqu’un adapta le slogan habituel « Elbit n’est pas la bienvenue ici » en « Elbit n’est plus ici ! » La foule exulta. Les agent·es de police, énervé·es, menacèrent à plusieurs reprises d’arrêter les manifestant·es, brandissant des menottes en plastique, mais les militant·es ne se laissèrent pas intimider.

Quelqu’un·e a pris le mégaphone : « Vous n’entendrez pas le mot “victoire” dans la bouche de BDS Boston tant qu’Elbit Systems ne sera pas entièrement démantelée, tant que la Palestine ne sera pas complètement libérée. À la place, vous nous entendrez dire : en avant. »

Leçons et réflexions

La campagne, longue de plus d’un an, pour virer Elbit Systems a été menée par quatre groupes différents. Les activistes de BDS Boston, le réseau d’action directe Palestine Action, le groupe de la communauté palestinienne PYM, et de manière anonyme par des individus autonomes ou des groupes affinitaires.

Cette campagne est unique dans l’écosystème pro-Palestine de Boston. Au lieu de se focaliser sur la ville ou des politiques fédérales, elle s’est focalisée sur une unité spécifique de l’économie de guerre sioniste. La campagne était aussi différente de celles contre les sites de Boeing et Raytheon. Les actions contre Elbit étaient courantes, se produisant presque chaque semaine pendant la majeure partie de l’année. La location d’espaces de bureaux dans un bâtiment partagé constituait une vulnérabilité particulière que les militant·es ont eu raison d’exploiter.

La campagne a été menée de manière indépendante, par des groupes autonomes avec des lignes politique solides qui supportaient mutuellement leurs différentes tactiques. La campagne contre Elbit a refusé les arrestations symboliques et les actions pacifistes. Quand des personnes se rejoignaient, à 20 ou à 200, c’était pour faire quelque chose de concret et non une marche symbolique. Celles et ceux qui utilisaient des mégaphones félicitaient celles et ceux qui utilisaient des bombes de peinture. C’est une importante rupture avec l’habituelle timide contestation menée par les ONGs de Boston.

Et ça a marché.

Des militant·es ont bloqué Elbit Systems en octobre 2023.

Qu’est-ce qui a marché ?

Ici suivent quelques réflexions individuelles sur la campagne.

Des dégradations répétées, dès le départ.

Après le 7 octobre, les premières actions qui ont eu lieu aux bureaux d’Elbit étaient des actions de vandalisme. L’immeuble a été tagué et aspergé de peinture trois fois en quatre jours. Les lecteurs de cartes d’accès ont été détruits, comme ceux des bureaux de l’Intercontinental Real Estate. Une station d’info locale a été aspergée de peinture rouge. Ces actions étaient fréquentes – et la police n’a attrapé personne, sauf une qui s’était vantée en public d’une action (un juge l’a finalement relaxée). Toutes les dégradations anonymes ont été ouvertement célébrées par les organisations menant la campagne.

Le rassemblement du 30 octobre a immédiatement suivi cette série d’actions « peinture ». Prédisant de nouvelles dégradations, la police boucla le bâtiment avec des barrières métalliques et l’encercla. Les manifestant·es refusèrent cette tournure des événements, franchissant la ligne policière et lançant des œufs et des fumigènes sur la police. Ce fut une rupture majeure avec les rassemblements dociles auxquels la police de Cambridge s’était habituée – et cela se refléta dans sa réaction énervée et désordonnée.

Ensemble, les semaines de dégradations, suivies de cette manifestation plus offensive, marquaient une volonté d’intensifier les actions contre Elbit. Ce spectre hanta toutes les mobilisations suivantes. Il contribua probablement à la mise en place du télétravail qu’Elbit finit par accorder à ses employé·es en réponse aux manifestations. Cela constitua un levier utile pour les militant·es : même les actions moins frontales devenaient des moyens de dissuader les employé·es de venir travailler. Des manifestations fréquentes signifiaient moins de personnes au bureau – rendant celui-ci superflu et coûteux pour l’entreprise.

Les cibles tertiaires, attaquer le maillon faible

En octobre, BDS Boston lança une campagne visant des cibles tertiaires contre le « Centre d’Innovation » de Cambridge. Au cours des dix mois suivants, le groupe aller tester trois types de cibles tertiaires : le propriétaire du bâtiment, les investisseur·euses d’Elbit Systems, et les client·es de KMC Systems.

S’attaquer aux client·es de KMC Systems fut la moins exploitée des campagnes visant des cibles tertiaires. BDS Boston n’organisa que deux campagnes d’appels massifs demandant aux client·es de rompre leurs liens avec la filiale d’Elbit. Une fois, le groupe appela à manifester devant un sommet de recherche et développement où KMC et ses client·es étaient présent·es.

BDS Boston consacra davantage d’énergie à protester contre l’investisseur d’Elbit, la banque JP Morgan Chase. Le groupe organisa plusieurs actions réussies dans diverses agences bancaires de Boston et de ses alentours. L’impact direct de ces actions sur Elbit fut probablement limité, mais elles profitèrent largement à BDS Boston. Le groupe vit ses effectifs croître durant les manifestations contre la banque, rassemblant plus de cent personnes à chaque fois. Les actions se tenaient toujours le week-end, ce qui permettait à celles et ceux ne pouvant pas participer aux actions devant les bureaux d’Elbit en semaine de s’impliquer. Le succès répété des fermetures d’agences et de succursales, obtenu avec un effort minimal, renforça la dynamique et la confiance du collectif – un élan qui se manifesta ensuite dans les manifestations.

La cible tertiaire la plus efficace fut le propriétaire, Intercontinental Real Estate. C’était à la fois le maillon le plus faible et le plus décisif de la chaîne. Il était facile pour les manifestant·es de transformer Elbit en un fardeau économique pour Intercontinental sur plusieurs fronts.

Le fait qu’Elbit partage le bâtiment avec d’autres entreprises représentait une vulnérabilité. Les perturbations devant le bâtiment (dégradations, manifestations bruyantes, affrontements avec la police) irritaient les autres locataires. En usant leur patience, en menant des campagnes de porte-à-porte dans d’autres immeubles d’Intercontinental, et en se rendant au domicile de Palandjian à toute heure, les militant·es facilitèrent la non-reconduction du bail.

Organisation, dévouement, constance

Les groupes capables d’analyser leurs cibles, d’expérimenter de nouvelles tactiques et d’intégrer les leçons stratégiques sont essentiels à la réussite des campagnes. Palestine Action US s’est dissout après deux actions. En novembre 2023, les actes anonymes de vandalisme contre Elbit cessèrent. Le Palestinian Youth Movement s’impliqua en 2024, alors que la campagne de BDS Boston perdurait après la fin d’autres initiatives locales. Sans la détermination constante de BDS Boston et ses actions répétées contre Elbit pendant plus d’un an, le « Centre d’Innovation » n’aurait peut-être jamais fermé.

Il était facile de se laisser distraire après le 7 octobre 2023. L’opération Toufan al-Aqsa et la politique de terre brûlée d’Israël déclenchèrent un élan de soutien inédit à la Palestine. Des foules entières descendirent dans les rues, cherchant à agir. De nombreux groupes appelèrent à des manifestations à travers la ville – des actions multiples, mais souvent sans stratégie claire. BDS Boston, en revanche, offrait un cadre d’engagement structuré, avec une campagne active contre une cible cohérente ; cela donnait un sens concret à la mobilisation.

Les positions politiques de BDS Boston jouèrent également un rôle clé. Le groupe n’est pas une ONG, mais une organisation politique indépendante ; iels ne cherchent pas à plaire aux politicien·nes, mais privilégient l’action directe. Le collectif soutient la résistance palestinienne et se positionne fermement contre le sionisme. À Boston, BDS Boston se distingua en soutenant The Mapping Project, une ressource en ligne recensant les collaborations sionistes dans le Massachusetts ; le groupe résista à un conflit public avec le Comité national du BDS à Ramallah, qui avait dénoncé ce projet.

Ces divergences politiques ne sont pas anodines : elles constituent des garde-fous contre toute récupération institutionnelle. Ce n’est pas un hasard si BDS Boston a su créer un espace pour une campagne rompant avec les codes convenus des mobilisations d’ONG.

Une manifestation devant les bureaux d’Elbit à Cambridge, dans le Massachusetts, le 30 octobre 2023.

La dialectique action – répression

L’État réagit inévitablement face à une action efficace. Les campagnes les plus intelligentes cherchent à minimiser, détourner ou neutraliser les contre-mesures que les autorités mettent en place, sans céder à l’intimidation. Les militant·es doivent rester attentif·ves à l’évolution du terrain de la répression afin d’en limiter les effets.

À la suite de la série de dégradations visant le site d’Elbit, la sécurité du bâtiment fut renforcée : une surveillance permanente fut mise en place par la police de Cambridge et des agent·es de sécurité privé·es. En général, il n’y avait jamais plus d’un·e gardien·ne à la fois, tuant l’ennui des longues nuits grâce à la lumière bleue de son téléphone et aux fast-food. Ce petit ajustement sembla suffire à dissuader de nouvelles actions. Qui sait quels furent les calculs stratégiques des auteur·ices des dégradations ? Quoi qu’il en soit, il est important de rappeler que les militant·es n’ont pas toujours à subir la pression policière – iels peuvent aussi la retourner à leur avantage.

Cela fut particulièrement visible lors du rassemblement du 30 octobre, quand l’énergie de la foule prit la police au dépourvu. Qui sait ce que l’on aurait pu accomplir en plus à ce moment-là avec un peu plus de coordination ? En décembre, les forces de l’ordre arrivaient désormais mieux préparées.

Palestine Action prévoyait un nouveau rassemblement devant le site le 14 décembre, mais l’annula discrètement. Les seul·es à se présenter furent les policiers. Ce matin-là, des photos devinrent virales : on y voyait la police de Cambridge positionner deux tireur·euses d’élite sur le toit d’une entreprise située juste en face d’Elbit. Les militant·es eurent raison d’exploiter le scandale qui s’ensuivit. Tandis que certain·es opposant·es à la répression policière se rassemblaient devant la mairie pour dénoncer cette démonstration de force disproportionnée, les associations anti-Elbit accentuèrent la pression sur les autres locataires du bâtiment : pourquoi un·e architecte devrait-iel venir travailler sous le viseur d’un·e sniper ?

Les trois virages stratégiques décidés entre octobre et décembre face à la présence policière accrue furent : la fin complète des actes de vandalisme, l’exploitation du scandale des tireur·euses d’élite, et le passage aux cibles tertiaires. Ce dernier choix ouvrit de nouveaux espaces d’actions et permit aux organisateur·ices de gagner en confiance lorsque le site d’Elbit paraissait « trop chaud ».

À la suite du succès de cette campagne, la police élargit son arsenal de surveillance. À l’été 2024, trois caméras de lecture automatique de plaques d’immatriculation (technologie Flock AI) furent installées sur le bâtiment Bishop-Allen, et une autre à l’entrée du siège d’Intercontinental Real Estate. Pour l’instant, ce sont parmi les seules caméras Flock de tout l’État du Massachusetts. La police demanda également l’installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance à Cambridge, en commençant par le quartier de Central Square.

Conclusion

Il ne s’agit pas ici d’une « recette » pour fermer définitivement les bureaux d’Elbit. Chaque campagne affronte une combinaison unique de rapports de force. En partageant cette histoire, nous souhaitons montrer comment certain·es organisateur·ices ont su analyser leur situation particulière et s’encourager mutuellement pour affiner leurs tactiques et obtenir des victoires.

Outre une solide analyse, les militant·es de Boston ont fait preuve de constance. Qu’il s’agisse d’une personne ou d’un petit groupe agissant de nuit, de quelques dizaines de manifestant·es présents devant Elbit pendant les heures de bureau, ou de centaines d’individus bloquant la banque Chase le week-end, des actions contre Elbit ont eu lieu presque chaque semaine pendant un an.

Si vous lisez ceci à l’est du Mississippi, vous êtes à quelques heures d’un site d’Elbit. Avec de la détermination, vous pouvez changer cela.

Des militant·es ont bloqué Elbit Systems en octobre 2023.

Annexe : Chronologie des actions

le 3 août 2023 : BDS Boston et le mouvement Malaya font du porte-à-porte devant Elbit.

le 21 août 2023 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 7 septembre 2023 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 12 octobre 2023 : Trois militant·es de Palestine Action se sont attaché.es par le cou aux portes des locaux d’Elbit, empêchant les employé·es d’entrer. Quelqu’un verse de la peinture rouge sur le trottoir. « Shut Elbit Down » (« Fermons Elbit ») est écrit à la bombe sur le bâtiment. Le soir, celui-ci est à nouveau vandalisé avec les graffitis « Elbit Makes Genocide » (« Elbit commet un génocide »), « Fuck Elbit » (« Nique Elbit ») et « Elbit Get Out » (« Elbit dégage »). Le lecteur de cartes d’accès est détruit.

le 16 octobre 2023 : Durant la nuit, des militant·es anonymes recouvrent le bâtiment d’Elbit de peinture rouge et y inscrivent « Elbit Arms Genocide » (« Elbit arme le génocide »). Le lecteur de cartes d’accès est également brisé. Il s’agit du troisième acte de vandalisme en quatre jours contre les bureaux d’Elbit.

le 18 octobre 2023 : Elbit retire les informations concernant les locaux de Cambridge de son site web.

le 24 octobre 2023 : Dans la nuit, des militant·es anonymes s’en prennent au bureau du propriétaire d’Elbit à Cambridge. Les locaux d’Intercontinental Real Estate sont aspergés de peinture rouge et leurs lecteurs de cartes détruits.

le 30 octobre 2023 : 200 militant·es manifestent devant le bureau d’Elbit. Beaucoup franchissent les barrières de police ; certain·es lancent des œufs et des fumigènes sur la police de Cambridge. Neuf personnes sont arrêtées, mais un juge lève ensuite toutes les accusations à leur encontre.

Début novembre 2023 : Des militant·es perturbent un salon de l’emploi à l’université Wentworth, parrainé par Elbit Systems, où KMC Systems tenait également un stand de recrutement.

le 2 novembre 2023 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 5 novembre 2023 : Plusieurs rues de Central Square à Cambridge sont couvertes à la craie avec les noms de martyrs palestiniens.

le 17 novembre 2023 : Des étudiant·es de l’université Tufts bloquent le bâtiment administratif pendant plusieurs heures pour exiger le désinvestissement d’Israël. Certains étudiant·es identifient les policiers présents grâce au site du personnel de l’université et scandent leurs noms pendant l’action.

le 26 novembre 2023 : Des militant·es perturbent la zone de récupération des bagages à l’aéroport de Boston Logan pour protester contre Boeing. Un militant est arrêté. Plusieurs dizaines d’autres personnes poursuivent la manifestation à l’extérieur pendant plusieurs heures.

le 2 décembre 2023 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 13 décembre 2023 : Puma annonce qu’il ne sponsorisera plus la Fédération israélienne de football (IFA).

le 14 décembre 2023 : La police de Cambridge est photographiée en train de positionner des tireurs d’élite sur le toit d’un immeuble en face d’Elbit, en prévision d’une manifestation.

le 16 décembre 2023 : Des militant·es se rassemblent pour une manifestation « familiale » à la mairie de Cambridge. De la nourriture gratuite est servie, plusieurs discours sont prononcés et les participants dansent le dabke sur la pelouse. Les militant·es peignent des pancartes avec « ELBIT OUT OF CAMBRIDGE » (« Elbit hors de Cambridge ») et écrivent des slogans anti-Elbit à la craie sur les marches de la mairie.

le 18 décembre 2023 : Plus de 50 militant·es bloquent des camions sous la pluie dans un terminal du port de Boston pour protester contre le blocage de l’aide à Rafah.

le 1er janvier 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 17 janvier 2024 : Des militant·es bloquent l’entrée d’une usine Raytheon à Tewksbury, dans le Massachusetts. De la peinture rouge est retrouvée sur le panneau Raytheon.

le 20 janvier 2024 : Plus de 100 personnes ferment une agence de la banque Chase à Harvard Square. Les militant·es jettent des faux billets maculés de sang, empêchent l’accès à la banque et manifestent à l’extérieur.

le 8 février 2024 : Des militant·es perturbent les bureaux de BNY Mellon, investisseur d’Elbit Systems, à Boston, en jetant des faux billets ensanglantés et en scandant des slogans anti-Elbit.

le 11 février 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 17 février 2024 : Plus de 100 personnes ferment une agence de la banque Chase dans le quartier Jamaica Plain de Boston. Les militant·es jettent de nouveau des faux billets ensanglantés, déposent des gravats et des draps tachés de sang à l’entrée, empêchent les gens d’entrer et manifestent à l’extérieur. Après la fermeture anticipée de la banque, les militant·es occupent l’intersection voisine pour prononcer des discours en soutien à la résistance armée palestinienne.

le 21 février 2024 : Les militant·es apprennent que les employés d’Elbit peuvent télétravailler les jours de manifestation. BDS Boston organise un rassemblement devant Elbit à 9h.

le 27 février 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 29 février 2024 : Des militant·es bloquent l’entrée de l’usine Elbit à Birdsboro, en Pennsylvanie. Six personnes sont arrêtées.

le 4 mars 2024 : Plus de 50 personnes bloquent des camions dans une zone portuaire de Boston pendant une heure pour protester contre le blocage de l’aide à Gaza.

le 7 mars 2024 : BDS Boston manifeste devant MassMEDIC, un sommet sur la fabrication de dispositifs médicaux, pour dénoncer la participation d’Elbit. Les militant·es demandent aux clients de KMC Systems de rompre leurs contrats.

le 9 mars 2024 : Plus de 100 personnes ferment une agence de la banque Chase au centre commercial Prudential Center de Boston. Les militant·es jettent de l’argent ensanglanté, déposent des gravats et des draps tachés de sang à l’entrée, bloquent l’accès et manifestent à l’extérieur.

le 19 mars 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 22 mars 2024 : Sept personnes bloquent l’entrée de l’usine Elbit à Merrimack, dans le New Hampshire, en utilisant des « lock boxes » (outil et pratique militante permettant de s’enchainer les uns aux autres).

le 26 mars 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit. Le même jour, Elbit publie ses résultats financiers 2023 à ses actionnaires.

le 30 mars 2024 : Des militant·es bloquent la circulation sur le pont Longfellow à l’occasion de la Journée de la Terre palestinienne, utilisant des chaînes et des antivols pour vélo.

le 6 avril 2024 : Le Mouvement de la jeunesse palestinienne et BDS Boston organisent une manifestation conjointe contre Elbit.

le 15 avril 2024 : Des militant·es ciblent simultanément quatre agences bancaires à Boston en jetant des billets ensanglantés et en scandant des slogans anti-Elbit.

le 17 avril 2024 : Des étudiant·es de l’université Columbia installent un campement pour Gaza, déclenchant une vague nationale d’occupations étudiantes. En une semaine, des campements apparaissent à Emerson, Northeastern, MIT, Harvard, Boston University et Tufts.

le 15 mai 2024 : Des militant·es solidaires de la Palestine manifestent dans la ville pour la Journée de la Nakba. Des graffitis anti-Elbit apparaissent à Boston. Les documents financiers de JP Morgan Chase montrent une réduction de 70 % des actions Elbit.

le 29 mai 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit. Des militant·es déploient une banderole « ELBIT KILLS » (« Elbit tue ») depuis le pont Charles.

le 5 juin 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 12 juin 2024 : Des militant·es occupent le hall d’entrée de Boeing. Iels se barricadent à l’intérieur, empêchant les employé·es et la police d’entrer. Après une heure, iels quittent les lieux tou·tes ensemble sans arrestation.

le 12 juin 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 26 juin 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 29 juin 2024 : 100 militant·es marchent jusqu’à la maison de Peter Palandjian pour une manifestation bruyante. Palandjian est le PDG d’Intercontinental Real Estate, le bailleur louant des bureaux à Elbit à Cambridge.

le 3 juillet 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 12 juillet 2024 : Début de la semaine d’action de BDS Boston et du Mouvement de la jeunesse palestinienne. Plus de 100 personnes participent au dîner d’accueil et à l’atelier « Palestine 101 ».

le 13 juillet 2024 : BDS Boston ferme l’agence de la banque Chase de Harvard Square pour toute la journée. Les militant·es bloquent les entrées avec des chaînes humaines et des cadenas.

le 15 juillet 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit pendant 18 heures. Des ateliers sont organisés toute la journée. Le soir, le rassemblement se transforme en veillée pour les martyrs, puis en projection de film. Les militant·es occupent l’intersection devant le bureau durant toute la durée de l’action.

Fin juillet 2024 : Des militant·es organisent une manifestation bruyante devant la maison de Peter Palandjian à 2 heure du matin.

le 24 juillet 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 31 juillet 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 7 août 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 14 août 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 21 août 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 26 août 2024 : BDS Boston manifeste devant Elbit.

le 2 septembre 2024 : BDS Boston appelle à une marche et un rassemblement devant le bureau d’Elbit pour célébrer la résiliation anticipée du bail.

Des manifestant·es solidaires avec la Palestine défilent devant le Massachusetts Institute of Technology le 2 septembre 2024.
Posted in actionsTagged anticolonialisme, antimilitarisme, bds, cambridge, elbit, palestine, palestine action, solidarité internationale, usa

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