Compilé à partir d’articles de Prisoners for Palestine / 2, In Contempt #1, Stuut.info.
Des dizaines de prisonnier.es politiques au Royaume-Uni, dont des membres des Filton 24 et des Brize Norton 5 – des militant.es pro-palestinien.nes incarcéré.es pour de l’action directe contre des fabricants d’armes israéliens, ont lancé une grève de la faim. Cette action est organisée sous forme de grève de la faim tournante. Pour des raisons de sécurité, le nombre total de participant.es n’est pas précisé.
Les grévistes de la faim ont formulé cinq revendications à l’intention du gouvernement britannique :
1. Mettre fin à toute censure dans les prisons – Supprimer les restrictions sur les communications des détenu.es, y compris le courrier personnel, les appels téléphoniques et les déclarations politiques.
2. Libération sous caution immédiate – Libération sous caution des 33 prisonnier.es pro-palestinien.nes en détention provisoire.
3. Publication des documents nécessaires à un procès équitable – Divulgation intégrale des documents issus de réunions secrètes entre des responsables britanniques et israéliens, le PDG d’Elbit Systems et la police antiterroriste.
4. Ne plus interdire Palestine Action et abandonner les accusations liées au terrorisme – Annuler l’interdiction de Palestine Action en tant qu’organisation terroriste prononcée en juillet 2025.
5. Fermer Elbit – Fermez les usines de fabrication d’armes d’Elbit Systems au Royaume-Uni et mettre fin au contrat d’approvisionnement du gouvernement britannique avec le fabricant d’armes.
Les deux premières prisonnièr.es, Qesser Zuhrah et Amu Gib, ont lancé leur grève de la faim le 2 novembre à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration de Balfour. Iels sont incarcéré.es à la prison de Bronzefield dans le cadre d’actions de Palestine Action contre des fabricants d’armes israéliens, dont l’affaire des Filton 24. A l’annonce de sa grève de la faim, Qesser a été placée à l’isolement et physiquement ramenée de force dans sa cellule par les matons, sous les cris et protestations d’autres prisonnier.es exprimant leur solidarité avec elle. Trois jours après le début de sa grève de la faim, elle était interdite de se rendre aux activités sportives et été placée sous un ordre de non-association la séparant d’Amu.
Qesser a déclaré pour lancer cette grève :
« Nous, qui sommes emprisonné.es par l’Etat britannique pour avoir résisté au génocide de notre bien-aimé peuple de Palestine, déclarons le début de notre grève de la faim, réaffirmant notre engagement à la lutte depuis l’intérieur des prisons.
Pendant quinze mois, nous, prisonnier·es pour la Palestine, avons mis à l’épreuve ce “système judiciaire”. Pendant quinze mois, nous avons vu Elbit Systems, l’entité sioniste, et notre gouvernement bafouer la justice et prolonger notre incarcération, exigeant que nous renoncions à notre cause en échange de notre liberté. Aujourd’hui, nous sommes contraints de confronter ceux qui refusent de nous regarder en face avec le fondement même de l’humanité qu’ils nient reconnaître en nous : notre vie et notre droit à la vie.
Tant que nos revendications ne seront pas acceptées, nous résisterons. Nous demandons désormais à notre gouvernement : êtes-vous prêt à nous laisser mourir plutôt que d’arrêter d’armer un génocide ?
En entrant dans cette lutte, nous marchons sur les pas de l’héritage des luttes passées de prisonnier.es, de l’Irlande à Guantanamo à la Palestine. La Résistance a toujours été envoyée par les oppresseurs en prisons dans l’espoir qu’elle y meurt. Mais, maintenant, c’est derrière les murs de ces prisons que nous utiliserons les outils des prisonnier.es pour désarmer la maison du maître. »
Amu a déclaré :
« Je fais grève de la faim car mon corps a été fait prisonnier par l’Etat – mais j’ai toujours un devoir de lutter pour la liberté contre l’oppression. Je crois à notre victoire. Nous, en tant que mouvement, avons une histoire si chargée d’engagement pour la justice et la libération que nous pouvons survivre sans nous nourrir. Il y a une faim en moi que la nourriture seule ne peut satisfaire. Je veux, avec chaque fibre de mon être, un monde qui est bienveillant et justice, – et pas un monde cruel, prêt à accepter la souffrance du peuple palestinien. Un tel monde est possible, et nous le méritons.
Comment pouvons-nous simplement attendre en prison, attendre que la corde se resserre autour de notre cou pour nous être opposé.es au génocide ? Comment pourrais-je ne pas agir, alors que des enfants sont assassiné.es en toute impunité par l’Etat sioniste génocidaire ? Détourner les yeux des horreurs ne les empêchera pas de se produire, nous devons faire face à la réalité. Devrions-nous sourire et demander gentiment nos lignes à un « système judiciaire » fondamentalement corrompu par le sionisme ?
Quand le gouvernement ne respecte pas la loi, les citoyen.nes ont une responsabilité morale d’agir pour défendre la vie, les droits humains et la dignité collective.
Nous ne serons pas silencié.es, ni disparu.es de force, ni oublié.es. »
Lundi 3 novembre, Heba Muraisi est la troisième prisonnière pro-palestinienne a rejoindre la grève de la faim depuis la prison de Wakefield. Accusée dans l’affaire des Filton 24, elle risque deux ans de détention provisoire avant son procès. D’origine yéménite et dont la famille vit à Gaza, elle a déjà été placée à l’isolement et ciblé par l’administration pénitentiaire pour son soutien à la Palestine.
Le 2 novembre, Jakhi McCray, militant pro-palestinien de New York poursuivi pour avoir prétendument incendié des véhicules de flic et actuellement assigné à résidence, a publié une déclaration en soutien à la grève de la faim, la rejoignant en jeûnant de son côté. On peut lui écrire par mail à writetojakhi@proton.me.
« Je souhaite à ces prisonnier.es beaucoup de courage et de force dans leur lutte pour leurs revendications. Afin d’attirer l’attention et de témoigner de ma solidarité envers leur action, j’entamerai dans quelques jours un jeûne durant lequel je ne mangerai rien jusqu’à la fin de la grève des prisonniers britanniques. J’ai la chance d’être assigné à résidence, ce qui rendra ce jeûne moins éprouvant que de se laisser mourir de faim dans les geôles de l’État, mais je vois ce jeûne de solidarité comme un excellent moyen de faire connaître davantage le mouvement « Prisonnier.es pour la Palestine » et d’accroître la pression sur le gouvernement britannique.
Je demande également que tous les dons collectés pour moi durant cette période soient reversés à Shine White, prisonnier et citoyen de New Afrika, qui observe une grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre la répression et les violences ciblées dont il est victime au cœur même du système carcéral. J’adresse tout mon soutien à Shine et aux prisonnier.es britanniques. Nous serons tous.tes libres un jour. »
Le 5 novembre, Jon Cink a rejoint la grève de la faim depuis la prison de Bronzefield. Il est en détention provisoire pour une action qui a mis hors service deux avions militaires en juin dernier. Il a déclaré :
« Nous avons le devoir de résister peu importe où nous sommes, d’utiliser tous les moyens à notre disposition. Les sacrifices que je fais, prétendument pour avoir perturber le système génocidaire, sont incomparables aux sacrifices faits par les Palestinien.nes et tous les peuples directement exposées à la violence impériale. »
Le 5 novembre, à la prison de Sanremo en Italie, le prisonnier anarchiste Luca « Stecco » Dolce a annoncé rejoindre la grève de la faim. On peut lui écrire à l’adresse suivante : Luca Dolce · c/o Centro di detenzione di Sanremo · Via Armea, 144 · 18038 Sanremo (IM)
« Hier, le 4 novembre, j’ai appris le début de la grève de la faim appelée par des dizaines de prisonnier.es politiques incarcéré.es au Royaume-Uni pour leur lutte en solidarité avec et pour la libération de la Palestine.
Ces derniers mois, j’ai lu sur la grève de la faim de la camarade Teuta « T » Hoxha, et j’ai pu suivre celle-ci ainsi et celles des camarades Casey Goonan et Malik Muhammad. J’ai eu le temps d’y réfléchir et, comme je m’y attendais, une nouvelle occasion s’est présentée pour rejoindre une lutte avec laquelle je ressens une affinité, que je considère profondément comme la mienne.
La lutte contre les prisons et le système militaire techno-industriel est essentielle pour une lutte avec une perspective étendue d’une résistance révolutionnaire et internationaliste.
Je rejoins cette grève de la faim, à partir du 8 novembre, et compte la mener en gardant les yeux sur les tactiques et approches proposées par les camarades qui l’ont initiée. Si elle continue indéfiniment, je continuerai aussi en faisant attention aux limites de mon corps, décidant par moi-même si et quand je dois arrêter et continuer à protester par d’autres moyens.
Je prendrai le temps de partager mes pensées au fur et à mesure que la grève continue. Les raisons pour cette lutte, les actions pour lesquelles ces camarades sont actuellement emprisonné.es, parlent pour elles-mêmes.
Je me tiens à leur côté avec sérénité et détermination.
Je ne sais pas actuellement si le camarade palestinien Anan Yaeesh, emprisonné à Melfi, est toujours en grève de la faim. Dans tous les cas, ma solidarité avec lui, Ali et Mansour est vive et forte.
Avec humilité et respect, je termine cette déclaration en citant la camarade kurde Sakîne Cansiz : « D’un autre côté, faire face à l’ennemi par toi-même est aussi quelque chose de spécial. La volonté révolutionnaire se rassemble en toi. Tu peux ressentir au fond de toi la conviction, la détermination, le pur désir de se battre. C’est le plus bel aspect de la lutte révolutionnaire. Rien ne te distrait, et tu démolis l’ennemi avec la force de ta personnalité. C’est quelque chose que tu fais avec toi-même, mais aussi avec l’image de l’ennemi reflétée en toi. Dans ta défense, il reconnaît son impuissance. » »
Le 9 novembre, T. Hoxha a rejoint la grève de la faim depuis la prison de Peterborough. Incarcérée dans le cadre de l’affaire Filton 24, T avait déjà complété une grève de la faim il y a deux mois contre un durcissement de ses conditions à l’intérieur. Elle a déclaré :
« Ne vous inquiétez pas pour moi. J’ai lu sur ce qui se passe à Guantanamo, et je suis embarrassée – je vais mener cette grève de la faim dans un certain confort en comparaison. Peu importe ce qui m’arrive, cela n’est pas comparable à ce qui se passe en Palestine. Ainsi, je persévérerai. »
Le 10 novembre, Kamran Ahmed a rejoint la grève de la faim depuis la prison de Pentonville. Il est lui aussi incarcéré dans l’affaire des Filton 24, attendant son procès en juin 2026. Il a déclaré :
« Le 10 novembre, je prévois d’entamer ma grève de la faim, incha’Allah, conformément aux revendications formulées, mais aussi en solidarité avec ceux et celles qui vivent des conditions de détention provisoire plus difficiles que les miennes. J’espère que le gouvernement reviendra sur sa décision d’engager ce procès inéquitable et nous permettra d’expliquer nos raisons au jury, car je crois sincèrement qu’aucune personne raisonnable ne nous condamnera. »
Actuellement, 33 personnes sont en détention provisoire dans des prisons britanniques pour des actions liées à la cause palestinienne : 29 sont membres de Prisoners for Palestine et quatre autres, membres de Palestinian Martyrs for Justice, attendent leur demande de mise en liberté sous caution. Par ailleurs, plus de 2000 personnes ont été arrêtées en Angleterre et au Pays de Galle depuis l’interdiction de Palestine Action en juillet 2025.
Comment soutenir Prisoners for Palestine ?
Ecrire aux prisonnier.es
Ecrivez des lettres aux prisonnier.es, pour passer outre la censure et encourager leur moral. Ecrivez leur numéro d’écrou à côté de leurs noms et de l’adresse de la prison. N’écrivez pas à propos des actions pour lesquelles les prisonnier.es sont actuellement poursuivi.es pour leur éviter toute répercussion légale. Les informations pour écrire sont disponibles ici.
Qesser Zuhrah c/o A9259FE Bronzefield Prison Woodthorpe Road, Ashford TW15 3JZ Amy Gardiner-Gibson (Amu Gib) c/o A1064FH Bronzefield Prison Woodthorpe Road, Ashford TW15 3JZ Heba Muraisi c/o A9275FE New Hall Prison New Hall Way Flockton Wakefield WF4 4AX Jon Cink c/o A1063FH Bronzefield Prison Woodthorpe Road, Ashford TW15 3JZ Teuta Hoxha c/o A9261FE Peterborough Prison Saville Road Peterborough PE3 7PD Kamran Ahmed c/o A9280FE Pentonville Prison Caledonian Road London N7 8TT
Contacter les prisons
Contactez une prison et faites leur part de votre inquiétude pour les personnes en grève de la faim. Les détails de contact sont ici.
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