
Initialement publié sur indymedia nantes
La liste de nos adelphes disparu-e-s s’allonge d’année en année. Chaque nouvelle mort est un effondrement, un rappel de la douleur d’exister dans un monde qui cherche activement à nous supprimer. On essaye de s’accrocher coûte que coûte, en gardant vivant le souvenir de celleux qui sont parti-e-s.
Nos copaines putes assassiné-e-s, nos adelphes sans papiers déporté-e-s, nos potes expulsé-e-s par les flics, nos compagnon-ne-s repoussé-e-s dans le placard et dans la pauvreté, nos soeurs poussées au suicide par leur famille transphobe et dont on écorche le prénom même après la mort, nos ami-e-s enfermé-e-s en taule ou en hôpital psy. De l’isolement et de la négation de nos existences qui brisent petit à petit au meurtre brutal, cette société de merde cherche à nous détruire et les armes à sa disposition ne font qu’actuellement se renforcer.
La gauche, qui aime tant parler à notre place, nous assigne un rôle de victimes passives et participe pleinement à la répression de nos révoltes au nom de notre « sécurité ». On voudrait nous apprendre à nous faire tout-e-s petit-e-s et à internaliser ce discours paternaliste dans l’espoir que les institutions hostiles s’apitoient sur notre sort pour qu’on puisse éventuellement leur gratter quelques droits, qui, comme tous les droits, bénéficieront à certain-e-s au sacrifice de tant d’autres.
Même notre deuil, une fois figé en cérémonie officielle, perd de son potentiel de révolte, devenant un outil de plus au service de notre pacification. Une heure de rassemblement où nos larmes sont autorisées, des voix funèbres scandant au mégaphone des prénoms chers qui paraissent d’un coup si lointains. Le feu des bougies est le seul qui brûlera à la mémoire de nos compagnon-nes. Et tant pis si notre douleur et notre rage ne rentrent pas dans le cadre d’une minute du silence, on va devoir se battre pour arracher d’autres espaces pour les faire exister.
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