Initialement publié sur Act for freedom le 21/10/2025. [vidéo de l’action ici]
Au petit matin du lundi 13 octobre 2025, vers 3 heures, nous nous sommes rendu-es à l’hôtel Nyx, sur la côte de Limassol, où nous avons lancé des bouteilles de peinture rouge, noire, blanche et verte en signe de solidarité avec le peuple palestinien en lutte.
Cet hôtel appartient à des israélien-nes et accueille régulièrement des israélien-nes qui viennent à Chypre pour des vacances, des événements sportifs ou des activités entrepreneuriales néocoloniales, dans le cadre d’un plan général visant à étendre la politique et l’économie sionistes.
Depuis deux ans maintenant, Israël commet les pires crimes de guerre, avec la complicité de l’ensemble du système interétatique mondial, qui soit ne prend pas position, soit blanchit ses crimes en normalisant et en régularisant ses relations avec le régime génocidaire, soit le soutient sans vergogne sur les plans moral, politique et militaire. Parmi eux figurent des États fascistes comme la Turquie, qui jouent le rôle des sévères et des offensés afin d’exploiter le génocide au profit de leur influence dans le monde musulman, ou des États comme l’Iran qui exploitent le conflit pour leurs propres intérêts expansionnistes.
Gaza a été rasée et nous dénombrons 65 000 morts (officieusement des centaines de milliers), dont des dizaines de milliers d’enfants. La déclaration d’un cessez-le-feu ne signifie pas la fin des souffrances pour la population de Gaza, qui retourne dans une ville détruite, toxique, sans infrastructures, avec des cadavres encore éparpillés parmi les décombres. Le cessez-le-feu lui-même est une parodie alors qu’Israël continue de bombarder, de détenir des milliers de prisonnier-es maltraité-es, hommes, femmes et enfants, de garder le doigt sur la gâchette contre un peuple, d’exiger le désarmement et l’abolition de l’autodéfense tout en montrant les crocs.
Nous voyons des israélien-nes riches acheter d’immenses étendues de terre sur l’île pour créer « un petit Tel-Aviv » ou « un deuxième Israël », tout en provoquant une crise du logement et une gentrification (développement capitaliste qui exclut les travailleureuses et les étudiant-es locaux-les et immigré-es des centres-villes). Le maire de Limassol est également impliqué dans la gentrification, sous couvert de progressisme, avec ses propres entreprises. Nous les voyons se déplacer dans nos villes avec une attitude colonialiste, un sentiment de supériorité de classe et un mépris pour les habitant-es locaux-les. La politique néocoloniale s’exprime également de manière flagrante dans l’intervention et la coopération avec les institutions étatiques, les services secrets et l’influence directe sur le complexe militaro-policier.
Comme toujours dans ce genre de cas, il y a des collaborateurs et des informateurs volontaires, issus de la classe politique et économique locale au pouvoir, qui se précipitent pour profiter du butin des seigneurs de guerre et tendent leur main sanglante de collaboration, tandis que les fascistes se chargent d’intégrer la population dans le système néocolonialiste. Le prétexte à tout cela, en particulier la rhétorique fasciste ? « La protection de Chypre contre la Turquie et les musulma-nes. ». La dernière fois que les fascistes ont vendu un tel conte de fées, c’était avec l’État grec, et nous connaissons toustes l’issue tragique des massacres intercommunautaires, de l’invasion, et des réfugié-es des deux communautés. Les collaborateurs locaux ont cédé tellement de terrain que l’État néocolonial sioniste n’hésite pas à ordonner publiquement aux autorités locales de réprimer et d’opprimer toute expression qui évoque le génocide. De l’attaque violente de la police contre le rassemblement de solidarité avec la Palestine et la Global Sumud Flottila, à l’ordre d’effacer tout graffiti dénonçant le génocide (à la demande du ministre israélien des Affaires de la diaspora), tout montre clairement l’évolution de Chypre vers une nouvelle colonie. La nouvelle colonie ajoute et développe encore l’oppression et l’exploitation dont la société chypriote souffrait déjà de la part de son propre État.
Par cette action, nous voulons rappeler à la communauté chypriote qu’elle doit se ranger du bon côté de l’histoire et soutenir le peuple opprimé de Palestine, s’opposant ainsi à toute forme de normalisation des relations avec les auteurs du génocide. L’avenir de l’humanité se joue en Palestine. Chaque État tire les leçons des guerres précédentes. Si le génocide, la famine comme moyen de guerre et l’infanticide sont légitimés et prévalent, cela créera un précédent que chaque État saura utiliser sans frais contre d’autres peuples ou même contre son propre peuple. Le fait que la résistance palestinienne, avec le mouvement international, ait réussi, malgré tant d’effusions de sang, à forcer les tyrans à mettre fin à la guerre, à la reconnaître et à engager le dialogue avec elle, nous donne à tous l’espoir que, quelle que soit la soif de sang, la cruauté et la sophistication de l’ennemi systémique, la résistance populaire déterminera les faits, ouvrira la perspective de la libération et écrira l’histoire de l’humanité du côté des opprimé-es.
Nous saluons tous les actes de solidarité qui ont lieu sur l’île, qu’il s’agisse de journalisme d’investigation, de manifestations ou d’actions directes, et nous continuerons à soutenir la lutte pour la libération du peuple palestinien et la justice pour tous les peuples du Moyen-Orient. La Global Sumud Flottila a été une action maritime politique réconfortante qui a fait office de rempart contre la dissimulation transnationale et la consolidation de la domination sioniste. Les actions anti-tourisme en Grèce et les grèves militantes de la classe ouvrière italienne ont ébranlé la pseudo-paix de classe qui a blanchi le génocide en Europe.
Nous soutenons la lutte armée des Palestinien-nes car c’est la seule option qui leur reste et, dans l’ensemble, il s’agit d’une guerre nécessaire pour leur défense et leur survie, contrairement à celle menée par l’État israélien, qui est une guerre d’extermination et de domination.
Nous sommes anarchistes et nous voulons la fin des guerres expansionnistes et exploiteuses. Aucun État, aucun capitaliste, aucune idéologie patriarcale n’offrira de solutions sans reproduire le même problème. C’est le peuple qui sauve le peuple, et il y parviendra grâce à une unité internationaliste et organisée qui lutte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression.
Nous ne nous battons pas pour la Palestine, mais c’est la Palestine se bat pour nous. La solidarité internationaliste et les risques qu’elle comporte sont le minimum que nous puissions offrir.
Cette action est dédiée à notre compagnon K. Xymitiris, qui a donné sa vie pour la lutte. Rendez-vous dans les rues du feu.
Liberté pour la Palestine.
Attaquez la machine sioniste !