Initialement publié sur Prisoners for Palestine, le 05/11/2025.
Jon Cink a été arrêté en juillet 2025 et incarcéré dans la prison de New Hall. Il est accusé de s’être introduit dans la base de l’armée de l’air de Brize Norton et d’avoir décommissionné deux avions de guerre qui facilitaient le génocide, pour un total de 7 millions de dollars.
Au cours des deux dernières années, et depuis que les colons, principalement européens, ont commencé à revendiquer le contrôle de leurs terres, les palestinien.nes, en particulier ceux confiné.es à Gaza, ont montré ce qu’est la détermination, la résilience et le sacrifice. Quelles autres options a-t-on face à des maniaques génocidaires dans des chars et des avions de guerre ? Quand la faim, le chagrin et le déplacement, créés artificiellement, deviennent synonymes du quotidien ? Qu’est-ce que cela nous apprend, à nous qui vivons au cœur de l’empire, sur le choix ?
Chaque enfant né.e en Palestine est considéré.e comme une menace aux yeux du sionisme, non pas à cause de ce qu’iel pourrait faire (et iel a le droit de faire tout ce qu’iel veut pour résister à l’occupation), mais parce qu’iel fait obstacle aux politiques expansionnistes qui sont fondamentales pour le colonialisme de peuplement et, par conséquent, pour l’existence de la puissance occupante. Le sionisme se matérialise alors sous la forme d’une gigantesque base militaire dissimulée sous un réseau complexe de mensonges légitimant son existence. Il s’agit d’un laboratoire mondial qui utilise le génocide et l’occupation pour tester des armes, développer des technologies de surveillance et exporter son savoir-faire en matière de violence. Les Palestinien.nes qui luttent pour la libération de leur patrie nous enseignent que tous les piliers du sionisme doivent être démantelés, dont beaucoup se trouvent en dehors des frontières du soi-disant Israël. Les usines d’armement à la périphérie de nos villes, leurs liens avec l’État et le soutien économique, politique et militaire apporté à l’occupation par l’élite. Un monde de plus en plus militarisé dépend de l’occupation sioniste autant que l’entité sioniste dépend du soutien militaire du noyau impérial.
C’est pourquoi nous, qui vivons dans les pays du Nord et qui profitons d’une manière ou d’une autre du statu quo, devons aspirer à incarner la détermination des Palestinien.nes. Il ne s’agit pas simplement de consommer et d’idéaliser leur résistance. Nous devons nous efforcer d’être aussi fidèles à nos principes que les jeunes et les moins jeunes de Gaza, qui affirment fièrement qu’iels préfèrent accepter le martyr plutôt que d’abandonner leur terre. Nous avons le devoir de résister peu importe où nous sommes, d’utiliser tous les moyens à notre disposition. Les sacrifices que je fais, prétendument pour avoir perturber le système génocidaire, sont incomparables aux sacrifices faits par les Palestinien.nes et tous les peuples directement exposées à la violence impériale. Ma blancheur et mon statut social me protègent du pire du système pénitentiaire britannique. Je pense souvent aux prisonnier.es palestinien.nes dans les cachots sionistes, à mes camarades puni.es pour leur foi, avec sur la peau les traces des tendances fascistes qui mûrissent dans les prisons britanniques. Nous sommes uni.es par notre désir de liberté. Une liberté partagée, collective, qui ne peut être obtenue que par une lutte acharnée. Une liberté qui n’exige rien de moins que la justice.
C’est dans cet esprit que je me joins à une grève de la faim collective et illimitée pour exiger l’arrêt de toutes les activités d’Elbit Systems UK, la libération immédiate et inconditionnelle de tou.te.s les prisonnier.es palestinien.nes incarcéré.es avant leur procès, le droit à un procès équitable qui ne peut être mené sans la divulgation de toutes les ingérences étrangères et politiques dans nos affaires, la fin totale de l’utilisation de la législation antiterroriste contre celles et ceux qui agissent pour mettre fin à un génocide, et la fin immédiate de la censure de toutes les communications à destination et en provenance des prisons.
Les autorités, nos geôliers, et même certaines personnes qui me sont chères pourraient qualifier cette grève de la faim d’irraisonnable.
Iels pourraient dire qu’il s’agit d’une escalade qui dépasse les limites. Les mêmes limites qui sont évoquées chaque fois que le statu quo est menacé. Des limites qui auraient été dépassées le 6 août lorsque six personnes ont détruit des drones et d’autres équipements militaires à l’intérieur du plus grand fabricant d’armes israélien, Elbit Systems, à Filton, près de Bristol. La ligne qui aurait été franchie le 20 juin, après que deux avions militaires aient été mis hors service à la base aérienne de Brize Norton. Des avions militaires qui partaient régulièrement pour la base aérienne d’Akrotiri, d’où les avions britanniques sont envoyés pour recueillir des renseignements sur Gaza. La ligne qui est franchie chaque fois que les Palestinien.nes osent résister à leurs occupants. Soyons clairs, il n’y a rien d’irraisonnable à exiger justice. La ligne a été franchie à maintes reprises, et pas seulement par ceux et celles qui sont isolé.es dans des cellules de prison. Elle a été franchie le 2 novembre 1917 lorsque le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, Lord Balfour, a promis la Palestine à des colons étrangers. Elle a été franchie par les soi-disant dirigeants qui détiennent le monopole du pouvoir, par les personnes qui siègent aux conseils d’administration des usines d’armement. Par chaque vol de surveillance envoyé au-dessus de Gaza et chaque arme expédiée pour massacrer les Palestinien.nes.
Notre combat est moral et juste. Les grèves de la faim collectives dans les prisons ont une longue histoire et nous avons à nos côtés de nombreux camarades, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons. Je commence ma grève de la faim avec amour dans mon cœur, amour pour la cause, pour la Palestine, pour mes coaccusé.es, les Filton 24, les prisonniers du PMJ, les Ulm 5, Casey Goonan et Malik Muhammad emprisonné.es aux États-Unis, les milliers de prisonnier.es palestinien.nes et les millions de prisonnier.es à travers le monde. Notre victoire sera collective.