Initialement publié par Prisoners for Palestine, le 10/11/2025.
Kamran Ahmed a été arrêté en novembre 2024 et est incarcéré à la prison de Pentonville. Il fait partie de la troisième vague d’arrestations des Filton 24, suspecté d’une attaque contre une usine Elbit qui a mené au désarmement de drones militaires. Lors de son arrestation, ses parents âgés n’ont pas pu accéder ni à de la nourriture ni des médicaments pendant plusieurs heures. Il a été sujet à des restrictions à l’intérieur, notamment la mise à l’isolement.
Ceci n’est pas un discours, juste quelques pensées. Alors que je m’affronte moi-même aux échecs, je me demande si le mouvement pour la libération palestinienne a atteint une impasse.
Compte-tenu que le cessez-le-feu a l’air de durer, je me demande si cela signifie que je devrais silencieusement faire ma peine en prison ? Est-ce que cela signifierait être d’accord avec le fait que quiconque s’oppose au gouvernement lorsqu’il est en tort devrait non seulement être emprisonné.e, mais aussi subir un procès inéquitable ?
Et si les positions de certain.es mes camarades doivent être davantage dépouillées, pas au sens de déshabillé bien que cela soit arrivé à l’une [lors de son arrestation, Heba Muraisi a été déshabillée par la police anti-terroriste], mais dépouillées de tous les droits fondamentaux que nous avons comme prisonnier.es, cela signifie-t-il qu’à l’avenir, un.e prétendu.e manifestant.e devra être maintenue en détention provisoire aussi rapidement que l’auteur de l’attentat de Manchester ? Si c’est le cas, alors jje refuse de laisser une jurisprudence s’installer grâce à mon silence.
Le 10 novembre, je prévois d’entamer ma grève de la faim, incha’Allah, conformément aux revendications formulées, mais aussi en solidarité avec ceux et celles qui vivent des conditions de détention provisoire plus difficiles que les miennes. Cela me remplit d’un sentiment de culpabilité, ma détention étant relativement calme par rapport à d’autres, alhamdoulilah.
Je pense au fait que de nombreux.ses palestinien.nes sont enfermé.es dans les prisons israéliennes illégalement, comme par exemple Siham Abu Salem, une femme de 71 ans qui a été kidnappée de son lit d’hôpital et déclarée comme étant une combattante illégale (et qui a récemment été libérée après deux ans d’emprisonnement).
Vous n’êtes pas oublié.es, ainsi que tou.te.s les autres prisonnier.es politiques qui portent la voix des opprimé.es
J’espère que ma grève de la faim pourra être un symbole, à l’avenir, pour que les gens ne se découragent pas d’agir pour ce qui est juste.
Je termine en espérant qu’ils ne réduisent pas nos voix au silence, comme j’ai l’impression de l’être au tribunal.
Peut-être que pour le gouvernement, le génocide est un grand jeu d’échecs, mais ils jouent seuls lorsque nous refusons de jouer.